Une nouvelle étude réalisée par l'Institut thoracique de Montréal et dont les résultats seront publiés vendredi révèle que la cigarette électronique est très efficace dans la lutte contre le tabagisme. Environ 43% des fumeurs suivis par l'équipe du pneumologue Gaston Ostiguy en 2014 ont arrêté de fumer grâce à cet outil. Pour le Dr Ostiguy, il est temps que le Québec et le Canada légalisent et encadrent l'usage des cigarettes électroniques.

Alors que se tient la Semaine pour un Québec sans tabac, le Dr Ostiguy dévoile des résultats qui devraient selon lui inciter les décideurs à agir. En 2014, son équipe de la clinique d'abandon du tabac de l'Institut thoracique de Montréal a suivi 179 nouveaux patients.

En plus de fumer, ces patients présentaient tous d'autres problèmes de santé, comme des troubles respiratoires ou cardiovasculaires, rendant l'abandon du tabac plus pressant.

Des 179 patients, 75 ont utilisé la cigarette électronique dans leur lutte contre le tabagisme et 104 ont utilisé d'autres moyens, comme les timbres de nicotine, les gommes ou les inhalateurs. Au bout de 30 jours, 43% des utilisateurs de la cigarette électronique avaient cessé de fumer, contre seulement 31% de leurs vis-à-vis.

«On voit que la cigarette électronique est très efficace pour cesser de fumer ou pour diminuer sa consommation», mentionne le Dr Ostiguy, qui croit que la cigarette électronique devrait faire partie de la gamme de produits pouvant être offerts aux patients pour arrêter de fumer.

Depuis des mois, le débat sur l'encadrement juridique des cigarettes électroniques fait rage au Québec et au Canada. À l'automne, une commission parlementaire a été formée à Ottawa pour discuter sur le sujet, et les conclusions de la ministre de la Santé, Rona Ambrose, sont toujours attendues.

Au Québec, le ministère de la Santé «travaille actuellement à mieux connaître les produits visés». Québec analyse entre autres les effets sur la santé des cigarettes électroniques. En attendant ces conclusions, le directeur national de santé publique «invite la population à s'abstenir de consommer les cigarettes électroniques ainsi que tous les autres produits comparables, qu'ils contiennent ou non de la nicotine, jusqu'à ce que soient mieux compris les impacts de leur consommation sur la santé».

L'Organisation mondiale de la santé a également pris position l'été dernier pour interdire la vente de cigarettes électroniques aux mineurs et interdire leur utilisation dans les lieux publics.

Le Dr Ostiguy juge cette prudence un peu excessive. «On sait que les effets sur la santé des cigarettes électroniques sont de 500 à 1000 fois moindres que ceux de la cigarette conventionnelle», dit-il. Ce dernier mentionne que la santé publique craint que la cigarette électronique ne soit une «porte d'entrée» vers le tabagisme pour les jeunes. «Mais des études européennes ont montré que seulement 1% des jeunes adeptes de la cigarette électronique n'étaient pas déjà des fumeurs. Donc, cette crainte n'est pas fondée», affirme-t-il.

Le Dr Ostiguy et certains de ses collègues rencontreront la ministre déléguée à la Santé publique, Lucie Charlebois, au début du mois de février.

«La vente de cigarettes électroniques devrait être permise et encadrée pour aider ceux qui veulent arrêter de fumer. Actuellement, on ne peut se fier qu'à la bonne foi des vendeurs pour connaître la qualité des produits. Adoptons un règlement. Ayons des produits de qualité et accessibles pour aider ceux qui veulent arrêter de fumer», plaide le Dr Ostiguy.