À peine 1% de tous les patients qui devraient subir une intervention chirurgicale bariatrique sont opérés chaque année au Québec. Une situation inacceptable, selon le chirurgien Michel Gagner. Alors que se mettait en branle, hier à Montréal, le 19e Congrès mondial de la Fédération internationale pour la chirurgie de l'obésité et les désordres métaboliques, le Dr Gagner a réclamé une politique nationale pour traiter les 1,6 million de Québécois qui souffrent d'obésité.

«Ce sont des chiffres astronomiques. Ça va coûter des milliards au système de santé si on ne fait rien et qu'on n'adopte pas des approches plus préventives», estime le Dr Gagner.

Chaque année, 2000 opérations bariatriques sont réalisées au Québec, alors qu'environ 180 000 Québécois bénéficieraient de cette intervention. «On ne soutient pas le rythme. Ces gens vont développer des complications ou mourir si on ne fait rien», affirme le Dr Gagner.

Le spécialiste mentionne que les bienfaits de la chirurgie bariatrique ont été maintes fois prouvés. «Le nombre de cancers chez les patients opérés diminue de 30%. Le taux de guérison du diabète de type 2 est de 70% à 80%. On évite des amputations, des remplacements de la hanche et du genou...»

Québec doit agir

Le Dr Gagner presse Québec d'adopter un politique sur l'obésité. «Une région comme Gatineau ne réalise aucune chirurgie bariatrique. Les patients doivent se rendre à Montréal ou à Québec. Ça n'a pas de sens», dit-il.

Le Dr Gagner aimerait également qu'un centre d'expertise en obésité, qui regrouperait des chirurgiens, mais aussi des nutritionnistes, des kinésiologues et des infirmières, soit créé.

En 2005, un rapport sur le traitement de l'obésité au Québec concluait qu'il fallait mettre en place un registre national sur la maladie. Le registre permettrait de répertorier le nombre d'opérations bariatriques réalisées chaque année et leur taux de succès. «Mais on n'a rien de tel encore. Conséquence: on installe encore des bandes gastriques ajustables, alors que plusieurs pays ont cessé de le faire, car la technique a été jugée inefficace. [...] Le milieu se développe rapidement. Ça prend une équipe d'experts pour guider le Ministère dans ses pratiques», plaide le Dr Gagner.

Au cabinet de la ministre déléguée à la santé publique, Lucie Charleboix, on affirme «traiter le sujet de l'obésité de façon plus large» et «travailler actuellement sur une politique globale de prévention en santé». «Ça traitera entre autres de l'obésité», explique la chef de cabinet, Natascha Joncas-Boudreau.