La construction du nouveau Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) progresse en vue d'accueillir le premier patient en 2016, et l'avenir des trois hôpitaux qui le composent actuellement est maintenant fixé.

Notre-Dame deviendra un hôpital communautaire d'au moins 300 lits desservant l'est de Montréal, avec une mission complémentaire «urbaine» visant des populations aux prises avec des problèmes de toxicomanie et de santé mentale. L'établissement aura aussi des urgences de taille importante. L'édifice patrimonial construit en 1861 qui abrite l'Hôtel-Dieu, dont la fondation coïncide avec celle de Montréal, sera vendu pour financer le nouveau CHUM. Quant à l'hôpital Saint-Luc, rue Saint-Denis, il sera entièrement démoli, comme prévu, pour faire place aux consultations externes et aux locaux administratifs du futur mégahôpital.

Le conseil d'administration de l'agence de la santé et des services sociaux de Montréal a officiellement autorisé, mardi soir, le CHUM à se départir des huit pavillons de l'Hôtel-Dieu (angle Saint-Urbain et des Pins) ainsi que des sept pavillons de l'hôpital Notre-Dame (angle Sherbrooke et Papineau). Le C.A. de l'Agence a cependant décidé de garder dans son giron les pavillons Deschamps, Lachapelle et Champlain de l'hôpital Notre-Dame. Elle les confiera au Centre de santé et de services sociaux (CSSS) Jeanne-Mance, qui a mis en oeuvre un plan en vue de la création d'un nouvel hôpital communautaire.

L'Agence, structure gouvernementale qui chapeaute tout le réseau de santé montréalais, a d'ailleurs approuvé, mardi soir, les grandes lignes du plan clinique préparé par le CSSS Jeanne-Mance. Le ministère de la Santé, qui encadre les travaux depuis le début de l'exercice, devra maintenant l'entériner.

«C'est une excellente nouvelle pour la population de l'est de Montréal», a expliqué en entrevue téléphonique Sylvie Simard, directrice générale du CSSS Jeanne-Mance. «Ça va venir rééquilibrer l'offre de services dans l'Est, car actuellement, l'hôpital Maisonneuve-Rosemont est extrêmement sollicité.»

Nouveau mandat

Le plan clinique du nouvel hôpital Notre-Dame prévoit des urgences de 41 civières pouvant accueillir 54 000 patients par année, soit 10 000 patients de plus que les actuelles urgences de Notre-Dame.

À titre de comparaison, les urgences du nouveau CHUM seront dotées de 51 civières et auront la capacité d'absorber 65 000 visites annuellement.

Il pourrait y avoir jusqu'à huit salles d'opération dans le nouvel hôpital Notre-Dame, dont une réservée aux opérations de la cataracte. On y pratiquerait des interventions moins complexes, comme celles de la hanche ou du genou. Les cas plus complexes, comme une greffe, relèveraient du nouveau CHUM, dont le mandat sera d'offrir des soins plus spécialisés.

On veut réserver de 30 à 42 lits à la psychiatrie, aux problèmes liés à la toxicomanie et à la désintoxication.

Des négociations sont aussi en cours pour rapatrier le mandat de l'Hôtel-Dieu en matière de soins à la suite d'une agression sexuelle et celui de l'hôpital Saint-Luc pour le traitement à la suite d'une exposition au VIH.

«L'intérêt et le défi, c'est qu'on doit, à partir d'un hôpital universitaire, totalement le transformer pour en faire un hôpital communautaire avec une spécialité urbaine pour les patients psychiatriques, itinérants et utilisateurs de drogues injectables. Des populations pour lesquelles le CSSS Jeanne-Mance se spécialise déjà», a ajouté Mme Simard, qui précise qu'un plan de rénovation des urgences est en train d'être élaboré.

Valeur patrimoniale

Quant aux autres édifices, l'Agence de la santé vient d'autoriser le CHUM à les vendre pour aider à financer la construction du nouveau mégahôpital universitaire. Le CHUM espère ainsi obtenir 41 millions.

Au ministère de la Santé, la porte-parole Noémie Vanheuverzwijn a indiqué qu'il n'est pas dans les plans de céder les bâtiments de l'Hôtel-Dieu à d'autres ministères ou à la Ville de Montréal, comme le permet la loi. Un comité sera maintenant mis sur pied, en collaboration avec la Ville de Montréal, pour préparer un «énoncé d'intérêt patrimonial». Ce document aura sans contredit des impacts sur la future vocation de l'édifice historique.

Le CUSM vendra aussi des édifices

Le conseil d'administration de l'agence de la santé et des services sociaux de Montréal a également autorisé, mardi soir, le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) à vendre l'Institut thoracique de Montréal, l'Hôpital de Montréal pour enfants (sauf le pavillon Gillman) ainsi que 86% de l'hôpital Royal Victoria dans le but de financerla construction de son futurmégahôpital. L'Allan Memorial Institue, les Étables et le Gate House de l'hôpital Royal Victoria sont exemptés pourl'instant, carils font l'objet d'une évaluation patrimoniale. Le CUSM pense obtenir 177 millions en vendant ces édifices.