Malgré plusieurs mises en garde internationales sur les dangers pour la santé vasculaire, le fédéral vient de donner le feu vert à des essais cliniques de la méthode Zamboni pour traiter la sclérose en plaques. Dans les prochaines semaines, une centaine de personnes du Québec et de la Colombie-Britannique seront recrutées pour tester les bienfaits d'une angioplastie veineuse au niveau du cou pour ralentir le cours de la maladie, qui reste incurable à ce jour.

La ministre de la Santé du Canada, Leona Aglukkaq, a annoncé hier que l'approbation médicale et éthique avait été accordée pour un essai clinique national. Au Québec, deux médecins spécialistes du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM), les Drs Marc Girard et Jean Raymond, piloteront les essais sur les patients. Les autres tests auront lieu en Colombie-Britannique, et le Manitoba espère éventuellement emboîter le pas.

Joint par La Presse, le Dr Alain Beaudet, président des Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC), a expliqué que les personnes sélectionnées pour participer à l'étude devront répondre à des critères bien précis. «On va choisir des patients qui ne sont jamais allés à l'extérieur du pays, par exemple en Inde, pour recevoir le traitement. Il faut aussi des gens qui ne montrent pas d'anomalies vasculaires. Les critères sont très stricts», a-t-il expliqué.

Afin d'éliminer la possibilité d'un effet placebo, les patients qui seront soumis aux essais, donc qui se feront installer un cathéter, ne sauront pas si le spécialiste leur débloque réellement les veines du cou à l'aide d'un ballonnet. «Ils vont tous finir par recevoir le traitement, mais ils ne sauront pas quand», précise le Dr Beaudet.

Résultats dans deux ans

Comme les chercheurs veulent documenter les bienfaits à long terme et les complications possibles du traitement, il faudra attendre au moins deux ans avant de connaître les résultats des essais cliniques. Ailleurs dans le monde, de nombreux patients ont déclaré que leur condition s'était améliorée à court terme, mais qu'elle s'était dégradée par la suite. Plusieurs décès ont aussi été signalés en raison de ruptures vasculaires.

Au Collège des médecins du Québec, qui avait appelé les patients à la prudence en 2010, l'initiative est bien accueillie. «Il faut étayer cette théorie avec des observateurs indépendants. On a hâte de voir les résultats des essais cliniques. Les gens sont impatients et veulent croire au miracle, mais il faut être patient», a dit le président du Collège, Charles Bernard.

En 2009, quand le chercheur italien Paolo Zamboni a émis l'hypothèse d'un lien possible entre l'insuffisance vasculaire céphalorachidienne chronique (IVCC) et la sclérose en plaques, des gens atteints sont allés jusqu'à manifester devant les bureaux du Collège des médecins pour réclamer le traitement. La méthode expérimentale a même fait augmenter le tourisme médical. Environ 12 000 personnes sont atteintes de cette maladie dégénérative au Québec. Ailleurs dans le monde, six études cliniques sont en cours, dont l'une, dite de «phase III», est menée par le Dr Zamboni.