La mort par septicémie de Rébecca Lévesque, 15 ans, survenue le 13 février dernier au centre jeunesse Chaudière-Appalaches, aurait pu être évitée. Dans un rapport accablant rendu public jeudi, le coroner Luc Malouin estime que le personnel de l'établissement a été négligent et n'a pas tout fait pour sauver la vie de cette adolescente.

Rébecca était «une jeune fille plutôt troublée», écrit le coroner dans son rapport. Elle avait tendance à fuguer et à consommer des substances illégales. Mais dans les semaines qui ont précédé sa mort, elle semblait mieux se dominer. Le matin du 12 février, Rébecca avait de la difficulté à respirer, souffrait de congestion nasale et d'un léger mal de gorge. Elle est quand même sortie avec sa mère en après-midi, mais elle s'est mise à avoir mal aux ganglions et à se sentir mal. Elle est donc rentrée au centre jeunesse vers 17h.

Au cours de la soirée, Rébecca se plaint d'avoir la vision trouble. L'intervenante de soir prend sa température, qui est normale. Mais Rébecca ne se sent toujours pas bien. Vers 22h, elle appelle Info-Santé. L'infirmière lui recommande de se rendre à l'hôpital si son état ne s'améliore pas dans une heure ou deux. Rébecca en informe l'intervenante.

Vers 23h, la gardienne de nuit vient prendre le relais de l'intervenante, qui l'informe de l'état de Rébecca et de la recommandation d'Info-Santé. Pendant la nuit, Rébecca vomit, souffre de diarrhée et est désorientée. On doit même la changer de chambre parce que la sienne est souillée. La gardienne de nuit appelle l'employée-cadre de garde cette nuit-là et lui explique la situation, sans parler de l'appel à Info-Santé. L'employée-cadre croit que Rébecca souffre d'une gastroentérite et décide de la garder au centre jeunesse.

Le lendemain matin, l'intervenante de la veille est de retour. On l'informe de l'état de Rébecca. Toute la matinée, elle ne vérifie l'état de la jeune fille qu'en jetant un coup d'oeil par la fenêtre de sa porte. «Ce n'est que vers 10h30, alors que l'intervenante entre dans la chambre pour lui porter à boire, qu'elle découvre Rébecca inconsciente, froide, rigide et visiblement décédée», écrit le coroner.

Dans son rapport, M. Malouin ne comprend pas que la gardienne de nuit ait omis de transmettre la recommandation d'Info-Santé à l'employée-cadre. «Par ailleurs, la surveillance d'un résidant malade à travers une vitre n'est pas adéquate», écrit-il. Selon M. Malouin, il est clair que Rébecca «n'a pas été dûment surveillée».

Dans une entrevue au quotidien Le Soleil, le père de Rébecca, Martin Lévesque, s'est dit complètement outré par les constats du coroner. «Elles l'ont regardée crever, crisse!», a-t-il dit.

Jeudi matin, le centre jeunesse de Chaudière-Appalaches a réagi au rapport du coroner par voie de communiqué: «Bien que considérant que certaines nuances auraient pu être apportées quant à des éléments qui ont pu influencer la conduite de ses différents intervenants, le Centre jeunesse Chaudière-Appalaches prend au sérieux les recommandations du coroner. À cette fin, les mesures ont été prises par l'établissement afin d'appliquer les recommandations en suivi d'une revue de cas interne.»