Les faux thérapeutes qui promettent des remèdes miracle à leurs patients et le scepticisme de la communauté médicale malmènent régulièrement la crédibilité des médecines complémentaires.

Entre la massothérapie et des approches comme l'urinothérapie, qui consiste à boire son urine, la marge est grande, fait valoir le président et directeur général du Collège des médecins du Québec, le Dr Yves Lamontagne.

 

«Dans tout cela, il y a du bon, du moins bon et du pas bon du tout. Nous, les médecins, nous sommes des Thomas. Il faut nous prouver scientifiquement que c'est valable», déclare le Dr Lamontagne.

Certaines approches ont démontré leur efficacité, notamment les techniques de relaxation ou l'acupuncture. D'autres, par contre, suscitent encore beaucoup de scepticisme.

L'homéopathie fait ainsi l'objet d'un vif débat dans le milieu scientifique. Par le passé, des études qui démontraient que cette approche n'a pas plus d'effet qu'un placebo n'ont pas aidé sa cause.

«C'est vrai qu'on n'est pas capable de dire que l'homéopathie est plus efficace qu'un placebo. Mais on n'est pas capable de dire le contraire non plus», rétorque Jean-Yves Dionne, pharmacien de formation, aujourd'hui conseiller et spécialiste des approches parallèles et des produits de santé naturels.

D'ailleurs, croit-il, il y a un fond de vérité dans les méthodes complémentaires. Les résultats le montrent.

Mais pour plusieurs médecins, le doute persiste. «Les gens qui prennent des trucs alternatifs, si ce n'est pas dangereux pour la santé et qu'il y a un effet placebo, ça ne me fait rien. Je n'ai pas, comme médecin, à vous dicter votre conduite de vie. Mais si c'est dangereux pour votre santé, je me dois de vous le dire et je me réserve aussi le droit de vous dire que je n'y crois pas», lance le Dr Lamontagne.

Pour une vraie reconnaissance

Au fil des ans, le corporatisme des ordres professionnels a empêché l'essor des médecines complémentaires au Québec, croient plusieurs. Il est temps de leur faire une véritable place.

Mais la formation est encore déficiente. Certains se disent naturopathes après seulement deux week-ends de formation, alors que d'autres ont un bagage universitaire.

Certaines associations tentent de se donner des balises et indiquent lesquels de leurs membres ont suivi une formation reconnue. C'est le cas en chiropratique, en massothérapie et en ostéopathie.

Il faut continuer dans cette voie, croit Jean-Yves Dionne. «La reconnaissance et le nettoyage de ce monde des médecines complémentaires va commencer avec l'établissement de standards. Tant qu'on n'aura pas ça, on va avoir une guerre de tranchées (avec la médecine reconnue).»

Quand des charlatans brouillent les cartes

Mais au-delà des chicanes de médecins et des contradictions aux sujets des études, ce sont les histoires d'horreur concernant de prétendus thérapeutes qui portent atteinte à la réputation des médecines complémentaires.

Il n'y a qu'à penser à certains reportages concernant la biologie totale ou à ces patients en phase terminale à qui un praticien promettait un traitement miraculeux et très coûteux.

Régulièrement, le syndic du Collège des médecins est d'ailleurs appelé à enquêter sur des charlatans. Le Dr Lamontagne se souvient d'un prétendu thérapeute qui faisait payer 20$ aux patients pour traiter leur mal de dos... à l'aide d'une simple sableuse électrique recouverte d'un feutre.

Il est difficile d'attraper tout le monde, reconnaît le Dr Lamontagne. Il doit y avoir une plainte en bonne et due forme. «Les amendes sont peu élevées, alors plusieurs recommencent. On n'a pas vraiment de moyens pour les attraper.»

Les patients qui se font leurrer sont souvent très vulnérables, atteints d'une maladie grave et incurable. La vigilance est de mise.

«Quand quelqu'un vous dit de jeter vos médicaments à la poubelle, attention, il y a un danger», prévient ainsi Jean-Yves Dionne.

Attention aux thérapeutes qui veulent absolument vendre leurs produits, à ceux qui affirment que seuls leurs produits sont bons, à ceux qui affirment d'emblée qu'il faudra une quinzaine de rendez-vous avant de traiter le problème.

Pour éviter de tomber dans le panneau, la clé demeure l'information. On ne pose jamais trop de questions.

 

LES MÉDECINES COMPLÉMENTAIRES EN BREF

Acupuncture

L'une des cinq branches de la médecine traditionnelle chinoise. Le praticien détermine des points précis le long des méridiens et agit par stimulation, notamment avec des aiguilles, pour réguler la circulation de l'énergie dans le corps. La médecine chinoise date de plus de 6000 ans. En Europe, l'acupuncture a pris son essor à partir des années 20. Aux États-Unis, la technique s'est répandue surtout à partir des années 70. Au Québec, c'est une profession officiellement reconnue depuis 1985.

Ostéopathie

Thérapie manuelle qui consiste à palper le corps pour détecter des tensions causant des malaises et à faire de légères manipulations pour ramener un équilibre. Efficacité reconnue pour les maux de dos. De plus en plus utilisée avec les femmes enceintes et les nouveau-nés. L'ostéopathie est une profession officiellement reconnue en Grande-Bretagne, en France, en Belgique et aux États-Unis. Au Québec, il n'existe pas d'ordre professionnel. Par contre, les ostéopathes membres du Registre des ostéopathes du Québec ou de l'Association des ostéopathes du Québec ont tous suivi l'équivalent d'une formation universitaire.

Massothérapie

Bien que les études scientifiques ne puissent toujours le démontrer clairement, les bienfaits de la massothérapie sont reconnus de longue date. Des recherches tendent à démontrer, entre autres choses, que la massothérapie peut diminuer les risques de blessures au périnée lors d'un accouchement, qu'elle améliore la vie des personnes atteintes de cancer, qu'elle soulagerait certaines douleurs lombaires. Il s'agit de l'une des plus anciennes formes de thérapie, mais le terme de massothérapie n'est réellement apparu qu'au XIXe siècle. Il existe plusieurs types de massages, selon les différentes écoles.

Aromathérapie

Approche de la naturopathie qui utilise les huiles essentielles produites par certaines plantes. Elles sont utilisées par voie interne, externe (sur la peau) ou aérienne (en diffuseur). L'aromathérapie peuvent traiter des maux comme la toux, la sinusite, les maux de tête, l'asthme, l'insomnie ou la fatigue, entre autres, mais elles auraient aussi des vertus antiseptiques pour combattre certains virus, bactéries ou champignons. L'aromathérapie est utilisée depuis le début du XXe siècle. Au Canada, les huiles essentielles à visée thérapeutique sont assujetties au Règlement sur les produits de santé naturels qui est entré en vigueur en 2004.

Homéopathie

Approche qui consiste à traiter des maladies en utilisant des doses infinitésimales d'une substance qui, normalement administrée en grande quantité chez une personne en bonne santé, provoquerait la maladie, et ce, afin de stimuler une réaction de défense de l'organisme. Créée au début du XIXe siècle par l'Allemand Samuel Hahnemann, l'homéopathie est courante dans plusieurs pays européens. Au Québec, on trouve des naturopathes formés en homéopathie, mais peu de médecins la pratiquent. L'homéopathie suscite beaucoup de controverse sur le plan scientifique.

*Sources: Passeportsanté.net, Guide pratique des médecines douces (Protégez-vous)