À la fin d'octobre 2009, la moitié seulement des fonds annoncés dans les programmes d'infrastructures cofinancés par Québec pour les municipalités avaient été officiellement «engagés» sur le terrain.

Obtenu par La Presse, un document de la Direction des infrastructures stratégiques du ministère des Affaires municipales indique que des 3,8 milliards annoncés dans une demi-douzaine d'initiatives cofinancées par Québec et Ottawa, la moitié seulement (1,9 milliard) avaient été «engagés» dans le bilan du 26 octobre 2009.

 

Devant ces chiffres, le porte-parole du ministre Laurent Lessard, Sylvain Bourassa, a souligné que ce portrait datait déjà. Au cours de novembre et de décembre, les sommes «engagées» sont passées subitement de 1,9 milliard à 2,5 milliards.

Pour Nicolas Marceau, critique péquiste en matière de finances publiques, un tel décalage entre les annonces et les dépenses réelles n'est pas surprenant. Avide de visibilité, désireux de s'immiscer dans les compétences des provinces, le gouvernement fédéral se montre probablement tatillon avant de décaisser officiellement ses fonds, dit-il. Dans un document de janvier 2009, la ministre Monique Jérôme-Forget soulignait déjà que seulement 53% des fonds annoncés dans les dossiers d'infrastructures étaient bel et bien engagés en 2007-2008. À Ottawa, en décembre 2009, le directeur parlementaire du budget a produit un rapport où il admet qu'il ne peut établir les sommes engagées pour les projets d'infrastructures au Québec; il est capable de fournir des chiffres pour toutes les autres provinces, mais précise que seules des données préliminaires sont disponibles pour le Québec. «C'est clair que c'est plus long au Québec», résume M. Marceau.

Aussi, les annonces importantes faites par Québec durant la tempête boursière afin de stimuler l'économie «étaient peut-être trop grosses pour la capacité d'absorption du secteur», croit le député péquiste.