L'ampleur de la crise financière qui frappe la planète est telle que le Sommet de la Francophonie, qui se tient à Québec la semaine prochaine, devrait porter en priorité sur cet enjeu, selon le chef de l'opposition officielle, Mario Dumont.

C'est dans les moments de crise qu'on prend la véritable mesure des organisations internationales, selon lui, et le moment de vérité, pour la Francophonie, surviendra lors de la tenue du sommet à Québec du 17 au 19 octobre, où sont attendus une trentaine de chefs d'Etat et, au total, des délégations de plus d'une soixantaine de pays.

Pour l'institution, dont la raison d'être soulève périodiquement la controverse, ce sommet sera donc un «moment clé», un «moment charnière», a-t-il fait valoir, vendredi, au cours d'une entrevue à La Presse Canadienne.

«On parle depuis longtemps d'une Francophonie économique. C'est un moment unique pour s'insérer ou un risque de manquer son coup», a-t-il dit.

Au terme du sommet, les leaders politiques présents devront donc arriver avec des solutions concrètes à cette crise sans précédent, montrer qu'ils peuvent se concerter, et ce, malgré leurs grandes disparités sur le plan de leur situation financière respective.

«Je suis convaincu qu'il doit y avoir des points de convergence qui peuvent et doivent être trouvés» à cette occasion, a-t-il commenté.

«Dans une économie interdépendante, tout le monde est touché», selon lui.

L'économie fait partie des quatre enjeux inscrits à l'horaire du sommet, avec la question des droits de la personne et de la démocratie, et celles du développement durable et de la langue française.

M. Dumont s'attend donc à ce que la déclaration de clôture du sommet inclut des positions communes sur des solutions à la crise financière, qui pourront être discutées par la suite dans d'autres forums internationaux.

La ministre des Relations internationales, Monique Gagnon-Tremblay, ne partage cependant pas l'avis de M. Dumont sur l'importance à accorder à la dérive des marchés boursiers dans le cadre de cet événement.

«C'est un enjeu qui est très important partout dans le monde actuellement», a reconnu la ministre, au cours d'un entretien.

«C'est certain que c'est une discussion qui va avoir lieu. On ne peut pas l'exclure», mais les autres enjeux, particulièrement la langue française et l'environnement, «ne pourront pas être escamotés», selon elle.

Les discussions risquent d'être abordées sous l'angle de savoir comment les pays riches (comme la France et le Canada) pourraient mieux aider les pays pauvres, qui forment la majorité des membres de la Francophonie.

La crise des marchés boursiers pourrait ainsi devenir un antagonisme entre les francophones riches et les francophones pauvres de la planète.

Les différents enjeux du sommet seront discutés dans le cadre de tables rondes tenues à huis clos, le samedi 18 octobre.

C'est la première fois que l'avenir et le rayonnement de la langue française constituent un des enjeux d'un sommet de la Francophonie.

Une déclaration commune doit être adoptée et rendue publique le dimanche 19, au terme de l'événement.