L'ex-lieutenante-gouverneure du Québec Lise Thibault a accepté de s'expliquer devant les parlementaires, le 30 octobre, a-t-elle confirmé, vendredi, à Radio-Canada.

La commission de l'administration publique avait demandé la comparution de celle qui a accumulé des dépenses douteuses de 700 000 $ de fonds publics pendant son règne de 10 ans.

Dans une entrevue téléphonique, Lise Thibault a déclaré à Radio-Canada qu'elle avait hâte de donner sa version des faits sur ses 700 000 $ de dépenses que le vérificateur général a trouvé non justifiées.

La commission parlementaire à l'Assemblée nationale avait invité Mme Thibault à venir s'expliquer. «Je vois ça comme un privilège d'aller me défendre, de faire la lumière sur tout ça. C'est une délivrance. Je le fais en toute sérénité», a-t-elle dit.

Mme Thibault affirme que ce sera l'occasion de blanchir sa réputation, et qu'elle a des documents qui dissiperont les doutes sur ses dépenses. Elle dit qu'elle ne regrette toujours rien. «Quand je suis arrivée en poste, il n'y avait plus d'institution, j'ai dû la réinventer. J'étais la lieutenante-gouverneure la plus active. On me citait en exemple pour les autres», dit-elle.

La semaine dernière, les parlementaires ont arrêté la date du 30 octobre pour entendre Lise Thibault.

Elle aura deux heures pour donner sa version des faits, une durée qu'elle juge trop courte pour résumer 10 ans et demi de mandat.

Lise Thibault a aussi parlé au téléphone à un enquêteur de la Sûreté du Québec pour collaborer avec l'enquête criminelle sur ses dépenses. Toutefois, aucune date n'a encore été fixée pour une rencontre.

D'autre part, près d'un an et demi après avoir quitté ses fonctions, Mme Thibault dénonce la rente de 30 000 $ qui lui est versée annuellement à titre d'ex-lieutenante-gouverneure.

Pour joindre les deux bouts, elle affirme qu'elle doit puiser dans ses économies, et pour payer ses avocats, elle soutient que des gens qui lui veulent du bien lui viennent en aide.

La commission convoquera également le nouveau lieutenant-gouverneur Pierre Duchesne, le secrétaire exécutif du gouvernement du Québec Gérard Bibeau ainsi que le vérificateur général Renaud Lachance, afin de faire toute la lumière sur les dépenses de l'ex-représentante de la Couronne.

Il y a près d'un an, la commission s'apprêtait à convoquer Mme Thibault lorsqu'elle a fait volte-face en raison de l'enquête judiciaire en cours à son sujet à la Sûreté du Québec.

Le député de l'ADQ, Gilles Taillon, a précisé qu'il avait maintenant obtenu l'assurance du corps policier que l'audition des témoins dans le dossier serait complétée au début du mois d'octobre.

Lise Thibault pourra donc justifier par la suite son comportement devant les élus en commission parlementaire, sans nuire au déroulement de l'enquête policière.

«Il y a plusieurs faits allégués dans le rapport du vérificateur général au sujet de Mme Thibault, concernant notamment la double facturation et des dépenses excessives. Il s'agit de faits graves et nous, on veut avoir la vérité», avait résumé le député adéquiste.

Dans son rapport publié à l'été 2007, peu de temps après que Mme Thibault eut quitté ses fonctions dans la controverse, le vérificateur général relevait des dépenses de 343 000 $ qu'elle avait effectuées sans les pièces justificatives requises.

Parmi d'autres anomalies, le rapport signalait des sommes de 45 000 $ versées à son responsable de la sécurité pour des journées durant lesquelles aucune activité n'était inscrite à son agenda.

Puis, M. Lachance faisait état de repas copieux pour des activités personnelles ainsi que des activités de ski payées à même les fonds publics.

Le vérificateur du Québec avait par ailleurs déploré que le ministère du Conseil exécutif n'ait pas contrôlé suffisamment les dépenses de Mme Thibault.