Mario Dumont appréhende pour le Québec un ralentissement économique important au cours des prochains mois, conséquence directe de la crise financière qui secoue présentement les États-Unis.

D'où la nécessité, à ses yeux, de provoquer une rencontre au sommet entre le premier ministre Jean Charest, la chef péquiste Pauline Marois et lui-même, et ce, dès que possible, pour parer les coups.

M. Dumont favorise donc une approche interventionniste de l'Etat dans l'économie.

C'est dans cet esprit que le chef de l'opposition officielle a expédié, vendredi, une lettre aux deux autres chefs de parti représentés à l'Assemblée nationale.

Dans une entrevue à La Presse Canadienne, vendredi, M. Dumont dit craindre que l'impact de la crise américaine se traduise par une baisse des exportations québécoises, un ralentissement dans la construction domiciliaire et un accès plus difficile au crédit.

Dans sa lettre, compte tenu d'une situation économique incertaine, il clame l'importance de se «serrer les coudes» et de «s'élever au-delà des débats partisans», écrit-il.

En fin de journée, Mme Marois a réagi en proposant plutôt un débat d'urgence à l'Assemblée nationale, dès la reprise des travaux parlementaires.

Selon M. Dumont, la population est inquiète et a raison de l'être.

«Il faut mettre l'économie en haut de l'ordre du jour», tranche le chef de l'opposition.

Il rappelle que 80 pour cent de nos exportations vont vers les Etats-Unis.

«Les gens sont forcément inquiets, parce que pour l'instant c'est une crise financière, mais de la crise financière jaillissent tout naturellement dans les mois suivants des difficultés, du ralentissement économique », a-t-il dit, en songeant particulièrement au secteur manufacturier.

Et si les Américians «achètent moins de portes et de fenêtres, de meubles et d'un million d'autres biens et services, cela a un impact direct sur notre économie», a-t-il ajouté, refusant cependant de prédire quelle pourrait être l'ampleur de l'impact de cette crise sur le Québec.

Mais, chose certaine, des milliers d'emplois sont menacés, d'où l'urgence d'agir pour améliorer la compétitivité des entreprises, accélérer les projets d'investissements prévus, mieux soutenir le secteur manufacturier et simplifier la réglementation,

M. Dumont demandera aussi au premier ministre de pousser davantage l'exploitation hydro-électrique et d'accoucher prématurément de son «Plan Nord», censé être la bougie d'allumage du développement économique du grand-nord québécois

Il s'inquiète également par rapport à la réaction du secteur bancaire. Si l'accès au crédit est resserré, les PME en souffriront, craint-il.

M. Dumont souhaite que la rencontre ait lieu avant même la rentrée parlementaire, donc d'ici environ deux semaines.

La rencontre pourrait également porter sur les suites à donner à la revendication du Québec relative à la maîtrise d'oeuvre en matière de culture.