Si tout était à refaire, Jean-Martin Aussant n'est plus certain qu'il aurait claqué la porte du Parti québécois (PQ) pour fonder Option nationale (ON) en 2011. C'est l'aveu surprenant du candidat à l'investiture péquiste dans Pointe-aux-Trembles.

En entrevue pour marquer le début officiel de la course à l'investiture, M. Aussant a dressé un bilan mitigé de son départ fracassant de l'équipe de Pauline Marois.

« Si je revenais 10 ans en arrière avec tout ce que je sais maintenant des événements qui ont suivi, est-ce que je ferais exactement la même chose ? C'est une bonne question, a-t-il convenu. Mais à l'époque, j'étais convaincu que pour militer fermement pour la souveraineté, il fallait faire autre chose. »

M. Aussant a quitté le caucus péquiste en juin 2011 en critiquant le leadership de sa chef, Pauline Marois. Il a lancé Option nationale trois mois plus tard.

Son parti a obtenu 1,9 % des suffrages aux élections de 2012. M. Aussant a été défait dans sa circonscription de Nicolet-Yamaska et a quitté la politique en 2013. Option nationale a finalement fusionné avec Québec solidaire l'an dernier.

Officiellement revenu au PQ il y a un mois, M. Aussant reconnaît que sa démarche a « froissé » des indépendantistes qui partagent ses convictions.

« Il n'y a pas grand monde qui peut sincèrement dire que, dans sa vie, il ne changerait absolument rien, ni aucune décision ni aucune façon de dire les choses. Sachant tout ce que je sais maintenant, avec l'histoire politique récente, c'était sans doute des choses que j'ai faites qui ont été utiles à certains égards, d'autres choses qui ont été moins utiles », a-t-il dit.

Cela dit, M. Aussant voit aussi plusieurs aspects positifs dans son parcours. En outre, la fondation d'ON a intéressé des « dizaines de milliers de jeunes » à la politique et les a « éveillés » à la cause de l'indépendance, dit-il.

« Ces jeunes-là, ils sont encore politisés, a souligné M. Aussant. Il faut peut-être, dans certains cas, en réactiver. Mais j'en revois plusieurs au PQ et ça me fait bien plaisir. »

BIEN ACCUEILLI

Jean-Martin Aussant agit comme conseiller du chef Jean-François Lisée. Il souhaite aussi représenter le parti dans la circonscription de Pointe-aux-Trembles, laissée vacante par la députée sortante Nicole Léger.

Des péquistes contactés hier ont indiqué que son retour a été généralement bien accueilli au parti. Mme Léger, proche de Pauline Marois, a d'ailleurs appuyé sa candidature.

M. Aussant se présente auprès des membres comme le candidat le plus susceptible d'empêcher la Coalition avenir Québec (CAQ), qui a recruté la mairesse d'arrondissement Chantal Rouleau, de s'emparer de la circonscription.

Mais avant d'en arriver là, il a trouvé un adversaire de taille sur son chemin. Maxime Laporte, président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, a lui aussi annoncé sa candidature en janvier. Il fait campagne depuis déjà plusieurs semaines.

SON ADVERSAIRE CONFIANT

Maxime Laporte est appuyé par l'organisation de Mario Beaulieu, député bloquiste de La Pointe-de-l'Île. L'avocat a aussi recueilli l'appui de l'ex-premier ministre Bernard Landry et de l'ancien président du PQ Raymond Archambault.

En entrevue, le candidat a bon espoir de remporter l'investiture. Il dit sentir un « engouement » pour sa candidature, malgré la visibilité médiatique de son adversaire.

« Ça fait deux mois que je suis sur le terrain sans discontinuer, j'ai une immense équipe de bénévoles très aguerris, j'ai rencontré directement des centaines de membres du Parti québécois dans Pointe-aux-Trembles. Je peux maintenant affirmer que nos pronostics nous amènent vers la victoire le 15 avril », a dit Maxime Laporte.

Face à M. Aussant, qui se présente comme le meilleur rempart contre une percée caquiste à Montréal, M. Laporte fait valoir les « actions concrètes » qu'il a menées à la barre de la Société Saint-Jean-Baptiste.

Sous sa direction, l'organisme s'est adressé aux tribunaux pour protéger la loi 99, adoptée dans les années 90 pour contrer la Loi sur la clarté référendaire. Il a également poursuivi le gouvernement, en janvier, pour le forcer à appliquer le projet de loi 104 qui impose à l'État de communiquer en français avec toutes les sociétés établies au Québec.

« Je ne sens pas de négatif dans cette campagne, a confié M. Laporte. C'est sûr que les deux candidatures suscitent un intérêt, c'est évident. Je pense qu'on aura rarement autant entendu parler de Pointe-aux-Trembles. »

Les quelque 500 membres du PQ dans Pointe-aux-Trembles désigneront leur candidat le 15 avril.

***

LEUR PRIORITÉ POUR POINTE-AUX-TREMBLES


Maxime Laporte : mobilité et transports collectifs

« C'est un vecteur de développement économique et social qui est incontournable. Depuis nombre d'années, l'Est a été délaissé dans les grands projets de développement en matière de transports collectifs. Je vais marteler ce message. »

Jean-Martin Aussant : développement économique

« Cette circonscription recèle un potentiel fantastique de revitalisation. [...] Sur le plan industriel, il y a un potentiel absolument phénoménal dans l'industrie énergétique et dans ce qui va suivre aussi, entre autres tout ce qu'on appelle l'écologie industrielle ou l'économie circulaire. »