Les émissaires québécois au Royaume-Uni ont tenu le ministère des Relations internationales informé des moindres faits et gestes de la campagne référendaire en Écosse lorsque le gouvernement Marois était au pouvoir. Une pratique qui a brusquement ralenti après l'élection des libéraux, en avril.

Le référendum qui décidera de l'avenir de l'Écosse au sein du Royaume-Uni aura lieu jeudi prochain. Mais dès le printemps 2013, les «notes d'information» de la Délégation générale du Québec à Londres ont commencé à porter une attention particulière aux rebondissements de la campagne.

De nombreux rapports

De septembre 2013 à avril 2014, le ministère des Relations internationales a reçu deux douzaines de ces rapports, qui faisaient état des derniers sondages et qui présentaient un résumé des événements susceptibles d'influencer l'issue du référendum.

La note du 11 octobre 2013, par exemple, contient le résumé d'un reportage de BBC News, selon lequel une note interne du ministère de la Défense prévoit que «500 000 voix environ pourraient faire basculer le résultat du référendum dans un sens comme dans l'autre».

Les émissaires relèvent aussi les nouvelles qui concernent le Québec. Le 25 octobre 2013, la note présente les conclusions d'un groupe de réflexion de gauche qui propose que l'Écosse s'inspire du Québec pour sa politique énergétique, qu'elle reste au sein du Royaume-Uni ou pas.

Au début du mois de décembre 2013, une nouvelle note relève que «le Canadien Mark Carney», qui vient de prendre la barre de la Banque d'Angleterre, se déclare ouvert à des «discussions de base» sur la possibilité qu'une Écosse indépendante conserve la livre sterling.

Le dernier rapport rédigé dans ce format succinct date du 4 avril 2014, trois jours avant l'élection qui a porté le Parti libéral au pouvoir.

Après cette date, les notes sur l'Écosse sont devenues beaucoup moins fréquentes. Le MRI n'en a reçu que deux entre le scrutin et le début du mois d'août. La dernière, datée du 6 août, résume les faits saillants du premier débat télévisé de la campagne référendaire.

Pas de directive

Au bureau de la ministre des Relations internationales, Christine St-Pierre, on affirme qu'aucune directive formelle n'a été donnée à la délégation de Londres au sujet de l'Écosse.

«Par rapport aux intentions de l'ancien gouvernement, ils avaient sûrement leur agenda, a indiqué le porte-parole de la ministre, Florent Tanlet. Pour le gouvernement du Québec actuel, on n'a jamais pris position et on ne prendra jamais position sur le référendum en Écosse. On n'a pas à s'immiscer dans les affaires internes d'un gouvernement.»

Un cas «particulier»

Jean-François Lisée, ministre des Relations internationales du gouvernement du Parti québécois, dit avoir demandé à toutes les délégations du Québec à l'étranger de lui fournir des rapports toutes les deux semaines. Il souhaitait en savoir davantage sur leurs activités et connaître les renseignements d'intérêt pour le Québec.

«Le cas de l'Écosse était particulier, a convenu M. Lisée. On voulait avoir une information straight, mais on n'a pas envoyé quelqu'un en permanence pour suivre la campagne.»

De la même manière, dit-il, le Bureau du Québec à Barcelone envoyait des rapports quasi hebdomadaires sur la question nationale en Catalogne.

M. Lisée reproche au gouvernement Couillard de mettre en place un régime d'austérité au MRI, lequel se traduira par une diminution de postes. Il cite en exemple la possibilité que le Ministère soit transformé en secrétariat, évoquée récemment par la ministre St-Pierre.

«Qu'il y ait moins de notes, moins de travail, moins d'employés, ça fait partie du repli sur le Canada qu'est en train d'effectuer le gouvernement Couillard», dénonce M. Lisée.

- Avec la collaboration de Serge Laplante