La commission Charbonneau doit rapidement s'intéresser à l'octroi des contrats publics au niveau provincial, s'impatiente le caquiste Jacques Duchesneau. «Je le dis et je le répète, on a fait le tour de la question municipale», a-t-il lancé en marge du caucus de la Coalition avenir Québec en Mauricie.

La commission a pour mandat «d'éveiller les consciences» et de dévoiler les stratagèmes de collusion  et de corruption. «Cela, on l'a démontré ad nauseam (au municipal), rappelle M. Duchesneau. Maintenant, n'oublions pas qu'il y a un volet provincial, là où se donnent beaucoup de contrats chaque année, et malheureusement, on n'en encore rien effleuré. C'est peut-être juste mon impatience qui me fait parler.»

La commission doit publier un rapport de mi-parcours avant la fin janvier 2014. Le caquiste précise qu'il ne critique pas le travail accompli par la commission. «Au contraire, ce qu'ils ont fait est excellent», insiste-t-il. Mais il rappelle que la commission a une durée de vie limitée, et il craint que le prochain rapport ne porte pas sur le volet provincial et les lucratifs contrats octroyés entre autres par le ministère des Transports et Hydro-Québec. 

Dans cette éventualité, le rapport serait «incomplet», prévient-il. Il serait regrettable selon lui que les électeurs n'aient pas été informés sur ce volet la prochaine fois qu'ils se rendront dans l'urne. 

«Un peu comme un enfant, j'ai le besoin du plaisir immédiat. Dépêchez-vous, montrez-nous!».

Par ailleurs, M. Duchesneau a démenti les rumeurs voulant qu'il s'apprête à quitter la CAQ. «Je serai à côté de M Legault lors de la prochaine campagne électorale. Je tiens à dire que le processus politique m'irrite à l'occasion, quand on n'a pas beaucoup le temps de parler à l'Assemblée nationale, mais la chose politique m'intéresse.»

«Étonné» que Michel Arsenault ne soit pas accusé 

M. Duchesneau se dit «étonné» que le président de la FTQ, Michel Arsenault, n'ait pas été accusé après été avoir placé sous écoute électronique par les forces policières.  

«Oui, ça m'étonne, a-t-il réagi. On fait grand état du lien qui existe entre le crime organisé et les syndicats... Quant à M. Arsenault, je ne connais pas du tout la teneur de la preuve.»

En 2011, Rue Frontenac révélait que M. Arsenault avait été placé sous écoute électronique. Radio-Canada révélait la même année que l'entrepreneur Tony Accurso avait offert au leader syndical un cadeau de 12 000 dollars d'un bijoutier. Des policiers de la Sûreté du Québec estimaient avoir accumulé une preuve solide contre M. Arsenault, et étaient mécontents de voir qu'aucune accusation n'avait été déposée par le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), a rappelé TVA cette semaine.

Dans un communiqué. M. Arsenault n'a pas nié avoir reçu de cadeau. Il dit ne pas en avoir reçu «en retour d'un investissement avec un partenaire du Fonds de solidarité». 

«C'est toujours au procureur de décider si oui ou non, on porte des accusations, a rappelé M. Duchesneau. Je n'ai pas assez d'information pour savoir sur quoi on s'est basé pour prendre cette décision.»

Il n'est «pas inhabituel» que le DPCP refuse d'intenter une poursuite, indique-t-il. «C'est évident que, quand on parle de personnes à haut niveau, ça chatouille un peu plus, mais je ne connais pas les faits de la cause», a-t-il ajouté. Il dit avoir déjà vécu de telles frustrations. La Presse a déjà rapporté que de telles tensions existaient l'année dernière à la Sûreté du Québec .