La destitution de Richard Deschênes de son poste de patron de la Sûreté du Québec, la semaine dernière, soulève des questions sur l'indépendance de la police sous le gouvernement du Parti québécois, selon Robert Poëti, député libéral de Marguerite-Bourgeoys et critique en matière de sécurité publique.

En point de presse mercredi matin, M. Poëti a relevé que le ministre de la Sécurité publique, Stéphane Bergeron, avait remercié le directeur Deschênes alors que son contrat ne se terminait qu'en juin 2013. Comme M. Deschênes est membre de la SQ, à 57 ans, il peut rester en poste jusqu'à 65 ans, au même salaire. Le geste de M. Bergeron est indéfendable du point de vue des finances publiques, selon le député, lui-même ancien policier de la SQ.

M. Poëti, visiblement, ne se souvient pas que, en 2008, le ministre libéral Jacques Dupuis avait mis de côté Normand Proulx,  aussi membre de la SQ, pour y placer M. Deschênes. M. Proulx était resté lui aussi à la SQ pendant plus d'un an comme conseiller sur les dossiers internationaux.

En marge de son point de presse, M. Poëti a clairement dit que la nomination de Mario Laprise (un policier «compétent») à la tête de la SQ était liée à ses affinités politiques: «Mario ne cachait pas ses sympathies pour le Parti québécois.»

À l'entrée de la réunion du Conseil des ministres, mercredi matin, le ministre Bergeron a soutenu que  Richard Deschênes n'avait pas été destitué: «Il s'agit simplement d'une fin de mandat, ce qui est permis par les règles existantes.»

Or, le mandat de M. Deschênes ne devait se terminer qu'en juin prochain. En dépit des usages, le ministre ne l'a pas avisé de cette fin de mandat. Un simple coup de fil du Conseil exécutif lui a appris que son règne, commencé en 2008, était terminé.

Le ministre Bergeron avait fait une visite aux dirigeants de l'Unité permanente anticorruption, la semaine dernière, pour leur demander plus de cohésion. M. Poëti estime qu'il s'agit d'une intervention inopportune, qui rappelle les moeurs d'il y a plus de 50 ans, quand  le politique intervenait régulièrement dans le système judiciaire.

«S'approcher du milieu policier comme l'a fait M. Bergeron, tasser le directeur de la SQ sans raison, c'est de l'ingérence, a lancé M. Poëti. Il faut qu'il y ait un mur entre la police et la politique, il faut absolument qu'il y en ait un, et il est en train de s'effriter.»

Le ministre Bergeron compte proposer des changements aux mécanismes d'enquête lorsque les gestes des policiers sont en cause, notamment pour inclure des civils dans l'équipe chargée d'enquêter sur les bavures policières. M. Poëti rappelle que le gouvernement libéral avait proposé un comité externe de civils pour surveiller le déroulement de l'enquête. La protectrice du citoyen, Raymonde Saint-Germain, avait désapprouvé le choix du gouvernement Charest. M. Poëti estime quant à lui que la responsabilité de ces enquêtes doit rester entre les mains de policiers. Seuls des agents de la paix sont habilités à faire des enquêtes pouvant déboucher sur des poursuites.

Dans la proposition du PQ, on suggère seulement que des civils soient nommés aux comités chargés des enquêtes sur les bavures policières quand il y a mort d'homme ou blessures graves.