Le premier ministre Jean Charest a justifié sa toute nouvelle campagne de publicité télévisée en affirmant qu'il est «important de s'adresser aux Québécois sans filtre et sans fioritures», tout en leur avouant qu'il n'est pas parfait.

M. Charest a commenté, lundi, le lancement de cette offensive publicitaire du gouvernement depuis Rio de Janeiro, au Brésil, où il séjourne pour la semaine, afin d'assister à la Conférence des Nations unies sur le développement durable.

Dans la publicité en question, il soutient qu'être premier ministre du Québec «n'est pas un concours de popularité (...) surtout quand le Québec vit une période de turbulences», faisant ainsi référence à la crise étudiante qui se poursuit. Cette campagne publicitaire a une couleur tout à fait pré-électorale et pourrait bien s'inscrire dans le scénario d'un scrutin cet automne.

Au cours d'un point de presse en marge d'une activité du Climate Group, dans un bel hôtel le long de la plage de Barra, M. Charest a assuré qu'il était «très sincère» dans ce message télévisé qu'il veut «senti».

«C'est un moment important pour dire un certain nombre de choses», a-t-il déclaré au cours du point de presse aux journalistes.

«Nous venons de vivre des mois qui ont été très intenses sur le plan politique et sur le plan de la démocratie. (...) Je pense que c'était important de parler directement aux Québécois sans filtre et sans fioritures et de dire des choses qui ont besoin d'être dites», a-t-il insisté, sans aller jusqu'à dire que les médias ne rapportaient pas son message.

Il a ajouté qu'il n'avait la prétention d'avoir «toujours raison» et qu'il n'avait «pas toujours les bonnes réponses», mais il se reconnaît néanmoins un certain courage et du leadership. Le leadership, selon lui, c'est d'avoir le courage de ses convictions et d'agir en fonction d'elles.

«Quand on a à prendre des décisions d'avenir, des décisions difficiles, il faut accepter que ces décisions peuvent être contestées. Il faut avoir le courage de prendre ces décisions pour les prochaines générations, et c'est ce courage qu'il nous faut au Québec.»

Dans son bilan de fin de session parlementaire la semaine dernière, la chef péquiste Pauline Marois avait mis en garde les Québécois contre une campagne de dénigrement imminente de son adversaire qui allait essayer de les duper.

Jean Charest a plutôt répondu, lundi, que c'est Mme Marois et son parti qui ont mené une campagne négative tout au long du conflit étudiant.

«J'espère que les Québécois ne se laisseront pas manipuler par les propos de M. Charest», a pour sa part réitéré la chef péquiste lundi.

Le Parti québécois prépare lui aussi une publicité pré-électorale dans laquelle la chef Pauline Marois, plutôt que de donner la réplique au premier ministre Jean Charest, présentera ce que sa formation propose à l'électorat.

Les signes d'une élection imminente se multiplient d'ailleurs, alors que Mme Marois a fait part de cette intention en présentant la candidate dans la circonscription montréalaise de Saint-Henri-Sainte-Anne, Anne-Marie d'Amours.

«Je crois qu'il est urgent que nous allions en élections pour que la population puisse sanctionner le mauvais gouvernement qui est à la tête du Québec avec M. Charest, a-t-elle affirmé. Il y a plusieurs raisons pour sanctionner ce mauvais gouvernement qui vont de la corruption jusqu'à l'incapacité de gérer une crise en passant par la liquidation de nos ressources naturelles au rabais et par un endettement fort important.»

Elle en a profité au passage pour reprocher au gouvernement Charest d'être trop préoccupé par une crise qu'il est incapable de régler pour défendre les Québécois et s'élever contre les atteintes du gouvernement Harper à l'assurance-emploi, à l'évaluation environnementale, au registre des armes à feu et à la Loi sur les jeunes contrevenants, entre autres.