Un an après s'être entendu avec l'ensemble de ses employés, le gouvernement Charest est toujours en négociations avec le syndicat qui représente les 5400 policiers de la Sûreté du Québec.

On discutera encore pendant «quelques semaines» du «rattrapage» que réclament les policiers, et une entente tombera discrètement durant les vacances d'été, ont indiqué à La Presse des sources bien informées.

Délicat

Il sera difficile de ne pas donner davantage aux policiers qu'aux autres fonctionnaires, mais un tel règlement, comme c'est souvent le cas avec la SQ, est délicat à expliquer politiquement. C'est pourquoi il n'est pas question de régler avant la Saint-Jean.

L'automne dernier, Québec et l'Association québécoise des policiers professionnels ont discuté d'une majoration salariale de 8% en plus des 7% en cinq ans qui avaient été accordés à l'ensemble de la fonction publique.

Les discussions avaient été suspendues le temps que le syndicat prépare son congrès annuel, qui a eu lieu fin mai. Elles ont repris mardi, mais le gouvernement n'a pas changé de direction: il n'entend pas accorder un rattrapage «inabordable» aux yeux du Conseil du Trésor, même si le syndicat des policiers fonde sa demande sur une moyenne des rémunérations de 10 corps policiers au Canada, dont cinq québécois.

«Pas de grenailles!»

«Huit pour cent, c'était au départ, aux premiers balbutiements. On ne parle plus de 8%, mais on ne parle pas de grenailles non plus!», a prévenu Pierre Veilleux, qui a remplacé Jean-Guy Dagenais à la tête du syndicat (M. Dagenais avait quitté son poste pour se porter candidat conservateur dans Saint-Hyacinthe aux dernières élections fédérales - il n'a pas été élu). Le syndicat a accepté que la «pondération» pour calculer les hausses tienne compte de la richesse relative des provinces.

La question des conditions de travail

Les négociateurs du Conseil du Trésor ne veulent rien entendre, a-t-on appris, du «conseil de la solde», une formule mathématique qui établirait la rémunération des policiers en fonction de ce qui se paie ailleurs au Canada. Ces calculs ne tiendraient pas compte des heures supplémentaires, plus fréquentes à la SQ, explique-t-on. Les policiers de la SQ sont moins payés que la police provinciale ontarienne ou la Gendarmerie royale du Canada, mais Québec insiste sur le fait qu'ils ont de meilleures conditions de travail. Par exemple, ils patrouillent toujours à deux dans les quarts de soir, ce qui est plus coûteux pour l'employeur.

La porte-parole de la SQ, Ginette Séguin, dit que «le climat est bon à la table, on a un calendrier pour les prochaines semaines, mais on a décidé de ne pas commenter publiquement». Elle soutient ne pas savoir si un règlement est possible avant l'été: «En négociations, c'est difficile de prévoir.»