Le Plan Nord sera au coeur du discours inaugural que prononcera Jean Charest pour relancer son gouvernement. Certains pensent que le premier ministre, dont la cote de popularité est au plus bas, y joue son va-tout.

Un peu de concret est attendu depuis longtemps: le premier ministre avait dévoilé en grande pompe ses ambitions pour le Nord québécois en septembre 2008, au conseil général de son parti. Québec a reporté la présentation de son plan qui devait avoir lieu en novembre. Ce sera finalement en mars.

La Table des partenaires - qui réunit le gouvernement, les industries forestière et minière, les écologistes et les Autochtones, entre autres - a tenu sa dernière rencontre hier, à Montréal. Onze comités de travail sectoriels ont été mis sur pied. Et le Plan Nord mobilise de nombreux fonctionnaires dans plusieurs ministères. On le dit partout: le dossier est prioritaire.

Le projet soulève de nombreux enjeux. Les Autochtones veulent tirer profit de la mise en valeur du Nord. Les Cris sont catégoriques: sans «bénéfices tangibles» comme dans la Paix des braves de 2001, il n'y aura tout simplement pas de Plan Nord sur leur territoire. Jean Charest ne s'en cache pas: c'est précisément pour assurer le «déploiement du Plan Nord» qu'il a décidé cette semaine de confier les Affaires autochtones à Geoffrey Kelley. Le député connaît bien le dossier. Il a déjà été ministre délégué aux Affaires autochtones, de 2005 à 2007, en plus d'avoir été porte-parole de l'opposition libérale en la matière, de 1997 à 2003.

De leur côté, les écologistes ont des doutes sur la manière dont Québec pourra soustraire à toute activité industrielle 50% du territoire nordique, comme il l'a promis.

Le Nord est aussi une affaire de gros sous. Le gouvernement ne veut pas être seul à financer la construction des infrastructures de transport nécessaires à l'aventure. Il cherche un «nouveau modèle» pour que les entrepreneurs et les investisseurs paient une partie de la facture.

Une preuve que Jean Charest mise beaucoup sur le Plan Nord? Il en a fait la promotion jusqu'à Paris. Le premier ministre François Fillon doit d'ailleurs se rendre dans le Nord québécois en juin.