«Trop mince», «décevant», «vide»... Le projet de loi 94 ne va pas assez loin au goût de l'opposition.

«La montagne, une autre fois, accouche d'une souris», a affirmé la députée péquiste Louise Beaudoin en conférence de presse, hier. Le projet de loi «consacre le statu quo» et «ne change rien à l'état actuel des choses».

Pour le Parti québécois, le gouvernement doit plutôt amender la charte des droits pour faire primer l'égalité des sexes et la laïcité de l'État. Il doit également interdire aux employés de l'État de porter des signes religieux. «Le projet de loi est en deçà du rapport Bouchard-Taylor», a déploré Mme Beaudoin.

 

Le député de Québec solidaire, Amir Khadir, juge que le projet de loi est «trop mince pour assurer l'égalité entre les hommes et les femmes, trop mince pour nous assurer aussi de la laïcité de l'État».

«Pour préserver l'image de neutralité de l'État, une balise très, très raisonnable aurait été d'interdire le port des signes religieux ostentatoires aux détenteurs des postes qui sont d'autorité, par exemple des policiers, les juges ou autres agents de la paix», a-t-il plaidé.

Selon lui, «le gouvernement ne peut pas prétendre respecter la neutralité de l'État puis en même temps continuer à subventionner les écoles privées religieuses».

Le Conseil du statut de la femme, qui a participé à la rédaction du projet de loi, salue le geste. «Enfin, comme nous le réclamons depuis longtemps, le gouvernement établit des balises, notamment pour respecter l'égalité entre les femmes et les hommes», a affirmé sa présidente, Christiane Pelchat. Selon elle, le projet de loi envoie aux gestionnaires publics un message clair selon lequel leurs décisions en matière d'accommodement doivent respecter l'égalité des sexes. Le gouvernement Charest devra toutefois «aller plus loin un jour» et interdire aux employés de l'État de porter des signes religieux ostentatoires, a-t-elle ajouté.

La CSN et le Syndicat de la fonction publique sont déçus du projet de loi justement parce qu'il ne comprend pas cette interdiction. Selon eux, les employés de l'État ne devraient pas pouvoir porter de signes religieux, pas plus qu'ils ne peuvent, au nom d'une obligation de réserve, afficher leur allégeance politique.