Le Canada a beaucoup appris sur les façons de se prémunir contre l'ingérence étrangère dans les élections en soutenant l'Ukraine dans son bras de fer avec la Russie, a déclaré lundi la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland.

Lors d'une annonce sur les missions en Ukraine et en Irak, Mme Freeland a qualifié le pays d'Europe de l'Est de « laboratoire » pour les campagnes de désinformation de la Russie dans le cyberespace.

La ministre Freeland et son collègue de la Défense nationale, Harjit Sajjan, ont annoncé la prolongation des deux missions, qui devaient se terminer à la fin du mois.

Le Canada veut ainsi continuer de contribuer à la lutte contre l'agression russe en Europe de l'Est et au combat contre les djihadistes au Moyen-Orient.

L'Ukraine se prépare à faire face à l'ingérence de la Russie lors de la prochaine élection présidentielle du 31 mars, et selon Mme Freeland, cette menace aura des implications pour le Canada, où des élections fédérales auront lieu en octobre prochain.

Le Canada doit s'inquiéter des « acteurs malveillants » qui cherchent à « intervenir dans les élections en Ukraine et dans nos propres élections », a fait valoir Mme Freeland.

« L'Ukraine tend à être un laboratoire pour les interventions malveillantes et la désinformation », a-t-elle expliqué.

Le Canada s'est engagé à aider l'Ukraine et ses voisins à lutter contre les cybermenaces et les campagnes de désinformation de Moscou, a assuré Mme Freeland.

« Nous les aidons beaucoup, mais je vais vous dire, nous apprenons beaucoup d'eux », a-t-elle souligné.

La mission impliquant environ 200 militaires canadiens se poursuivra au moins jusqu'à la fin de mars 2022.

Des soldats canadiens sont déployés en Ukraine depuis septembre 2015. Ils ont participé à la formation de l'armée du pays, qui se bat contre les forces séparatistes soutenues par la Russie.

L'Ukraine se réjouit

La décision de prolonger l'engagement du Canada a été bien reçue en Ukraine, qui continue de faire face à l'annexion par la Russie de la région de Crimée et aux troubles persistants dans la région du Donbass, en proie à une rébellion prorusse.

L'ambassadeur ukrainien Andriy Shevchenko a indiqué que les cyberattaques de la Russie étaient monnaie courante à l'approche des élections.

« Il y a des cyberattaques constantes contre des infrastructures critiques, a-t-il soutenu. Nous assistons à des cyberattaques massives contre notre infrastructure numérique électorale et notre secteur des médias. »

L'ambassadeur Shevchenko a déclaré que son pays était « comme un atelier où vous pouvez voir en temps réel comment notre voisin tente d'interférer dans notre élection ».

Le Canada a formé près de 11 000 militaires ukrainiens, avec des techniques qui ont permis de sauver de nombreuses vies en première ligne du conflit avec la Russie, a-t-il déclaré.

Selon M. Shevchenko, l'engagement militaire du Canada en Ukraine est une preuve de leadership international. Il a également évoqué la contribution du Canada en tant qu'observateur électoral et l'imposition vendredi de sanctions supplémentaires contre 129 personnes, entreprises et organisations russes.

L'ancien ministre des Affaires étrangères, Lloyd Axworthy, dirige une délégation d'observateurs électoraux canadiens en Ukraine.

Dissuader la Russie

Le Canada accueillera également en juillet une conférence internationale sur l'économie et les réformes politiques de l'Ukraine, qui réunira les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne, du G7 et des pays de l'OTAN, a ajouté Mme Freeland.

L'armée canadienne a également déployé environ 500 soldats à la tête d'un groupement tactique de l'OTAN en Lettonie, dans le cadre des efforts plus vastes déployés par l'alliance pour dissuader la Russie de ses ambitions sur le flanc est de l'Europe.

« Pour que la défense et la dissuasion fonctionnent, nous devons nous assurer que la Russie sait quelles sont nos capacités. C'est ainsi que fonctionne la dissuasion », a indiqué M. Sajjan.

« Il est très important d'envoyer à nos alliés de l'OTAN un message très clair leur indiquant que nous serons là pour eux, mais également d'envoyer un message très fort à la Russie. »

Mission en Irak

Le Canada prolongera également la contribution des soldats canadiens à la coalition internationale contre Daech en Irak jusqu'à la fin du mois de mars 2021.

La mission canadienne compte environ 500 militaires en Irak, dont 200 participent à une mission de formation de l'OTAN et 120 membres des forces spéciales qui aident les troupes irakiennes à chasser les extrémistes de Daech des environs de Mossoul, dans le nord du pays.

Le Canada offre également de l'aide humanitaire et diplomatique en Irak, en Syrie et dans les environs.