Le premier ministre Justin Trudeau pourrait mettre un peu de baume sur les plaies des familles de la région de Mirabel qui ont été expropriées par le gouvernement que dirigeait son père, Pierre Trudeau, en 1969, afin de permettre la construction d'un aéroport aujourd'hui démoli, en réglant une fois pour toutes le dossier des terres qui n'ont toujours pas été rétrocédées.

C'est du moins l'avis exprimé par le président local de l'Union des producteurs agricoles (UPA), Marcel Denis, qui a rencontré hier à ce sujet le ministre fédéral des Transports Marc Garneau, qui était de passage à Mirabel.

À ce jour, environ 850 acres, sur les quelque 11 000 acres de terres expropriées il y a près de 50 ans, n'ont pas encore été rétrocédés par le gouvernement fédéral - une démarche entreprise par l'ancien gouvernement conservateur de Stephen Harper. Il s'agit en fait de lots qui étaient enclavés et qui n'ont pas été utilisés lors de la construction de l'aéroport de Mirabel.

Rencontres et pressions

Depuis quelques années, les enfants des familles expropriées multiplient les rencontres et les pressions sur les élus afin d'avoir le premier droit de regard lorsque les terres seront mises en vente.

Or, ces derniers doivent maintenant livrer une sorte de concurrence au gouvernement du Québec, qui voudrait transformer ces lots de terre en réserve faunique, et à la Ville de Mirabel, qui souhaiterait y construire une usine de compostage qui desservirait neuf municipalités environnantes.

Durant la rencontre hier, M. Denis a exhorté le ministre Garneau à accorder la priorité aux enfants des familles expropriées, elles qui ont souffert pendant plusieurs années des conséquences de la décision du gouvernement libéral de Pierre Trudeau.

«M. Garneau est venu prendre le pouls des gens affectés. Mais il n'a pas à rouvrir le dossier, il est déjà ouvert depuis 2007, mais la job n'est pas terminée.»

«Ce n'est pas un reproche que je fais à M. Garneau, mais au gouvernement fédéral, on change de ministre des Transports à peu près tous les deux ans depuis 2006. Et chaque fois qu'il y a un nouveau ministre, il faut reprendre le dossier avec lui. Il faut toujours recommencer à zéro. Mais tout est déjà tout fait. Il s'agit juste de finaliser», a dit M. Denis.

«Justin Trudeau ne pourra jamais réparer l'erreur de son père. Les gens ont été marqués. Il y a des cicatrices profondes. Mais quelque part, ça pourrait être un genre de baume, une sorte de conscience publique en réglant ce dossier une fois pour toutes», a-t-il ajouté.

M. Garneau devait également rencontrer le maire de Mirabel, Jean Bouchard, afin de bien prendre la mesure des intentions de la municipalité.

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UNE DÉCISION EN 2019?

Selon une directive du ministère des Transports datant de 2014, le gouvernement fédéral doit d'abord et avant tout offrir les terres qui n'ont pas été rétrocédées à des organismes relevant d'Ottawa et, si aucun d'entre eux ne manifeste un intérêt, à des organismes provinciaux. Ensuite, ces terres peuvent être offertes aux municipalités.

Tout indique que le gouvernement Trudeau pourrait prendre une décision à ce sujet avant le 50e anniversaire de l'expropriation des familles de Mirabel, en mars 2019.