Prenant acte des résultats désastreux de son parti à l'élection partielle de lundi dans Chicoutimi-Le Fjord, le chef du NPD, Jagmeet Singh, promet de se retrousser les manches pour renverser une tendance lourde qui pourrait entraîner la perte d'autres sièges au Québec aux prochaines élections fédérales.

Entouré d'un certain nombre de ses députés néo-démocrates du Québec, M. Singh a déclaré que «tout est sur la table», y compris l'idée de passer plusieurs jours dans la Belle Province au cours des prochaines semaines et de revoir certaines des politiques de son parti, afin de rétablir le courant entre le NPD et les électeurs québécois.

«Tout est sur la table», a laissé tomber le leader néo-démocrate, porté à la tête du NPD en octobre dernier, mais toujours sans siège à la Chambre des communes.

Devant les journalistes, M. Singh a écarté d'un revers de la main que son leadership pourrait être remis en cause à la suite des résultats de l'élection partielle de lundi soir. Il a aussi affirmé avoir l'appui de l'ensemble de ses troupes.

La soirée électorale s'est terminée avec la victoire sans appel du candidat conservateur Richard Martel, qui a obtenu 52,7 % des voix, loin devant la candidate libérale Lina Boivin, qui a récolté 29,5 % des suffrages. Le candidat du NPD, Éric Dubois, est arrivé troisième avec seulement 8,7 % des voix, suivi par Catherine Bouchard-Tremblay, du Bloc québécois, qui a recueilli 5,6 % et Lynda Youde, du Parti vert, qui a dû se contenter de 3,1 % des voix. Le taux de participation a dépassé le tiers des électeurs inscrits.

Le NPD avait remporté cette circonscription en 2011 lors de la vague orange, mais l'avait ensuite échappé par 600 voix au Parti libéral en 2015. Le Parti conservateur avait terminé quatrième avec environ 16 % des voix durant le dernier scrutin.

«On est déçus des résultats, c'est clair. Ces résultats montrent qu'on a beaucoup de travail à faire et c'est une priorité pour moi et on a déjà commencé ce travail. On a eu une rencontre avec plusieurs des députés du Québec. On va avoir plusieurs de ces conversations», a affirmé M. Singh.

Le chef du NPD a affirmé que son parti politique s'est porté à la défense de dossiers qui sont importants au Québec, notamment la taxe Netflix et les géants du web, la culture.

Il a soutenu que le NPD a connu sa part de problèmes au cours des derniers mois et que cela a fait en sorte que le parti n'était pas aussi présent sur le terrain que les autres.

Pour sa part, le lieutenant politique de M. Singh au Québec, le député de Rosemont-La Petite-Patrie, Alexandre Boulerice, a soutenu que son parti peut rebondir, mais que cela prendra des changements importants.

«Ce n'est pas le genre de résultats que l'on pouvait espérer dans Chicoutimi-Le Fjord. Mais je pense que notre chef Jagmeet Singh a eu la bonne réaction. Il est humble, il est réaliste et il est prêt à faire les changements nécessaires pour que cela ne se reproduise plus. Notre chef a été très clair tantôt : tout est sur la table. On va regarder l'ensemble de l'organisation du NPD au Québec», a dit M. Boulerice.

Interrogé pour savoir si les électeurs avaient porté un jugement sur son chef qui porte un turban, M. Boulerice a affirmé que c'est plutôt parce que M. Singh demeure peu connu au Québec que le parti a souffert à l'élection partielle de lundi.

«Il n'est pas connu notre chef. De mon point, ce n'est pas son identité le problème, c'est sa notoriété le problème. Il n'y a rien de rassurant dans le résultat d'hier. Mais il y a encore beaucoup d'eau qui va couler sous les ponts. La politique, ces jours-ci, ça change très rapidement. Personne ne panique. Mais nous avons des devoirs à faire. Et il y a des choses qui doivent changer», a-t-il dit.

Avant de présider une réunion de son cabinet, le premier ministre Justin Trudeau n'a pas voulu émettre d'hypothèses pour expliquer la victoire sans appel du candidat conservateur Richard Martel. M. Trudeau s'est rendu dans la circonscription de Chicoutimi-Le Fjord a deux reprises en 10 jours durant la campagne afin de donner un coup de pouce à la candidate libérale Lina Boivin.

«Évidemment, je veux remercier tous les électeurs, tous les candidats, notre candidate Lina Boivin qui a fait un excellent travail. Je veux féliciter Richard Martel aussi», a s'est contenté de dire M. Trudeau.

Le ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social, Jean-Yves Duclos, a pour sa part affirmé que la grande notoriété de Richard Martel, un ancien entraineur des Saguenéens de Chicoutimi, a assurément été un facteur important dans la défaite libérale.

«Il y a eu un certain nombre évidemment de facteurs qui ont joué hier. On doit tous reconnaître que le candidat qui a été élu hier était très connu, il a - je pense qu'il a eu la chance là au cours des dernières années d'être présent dans sa communauté et les gens aiment bien avoir quelqu'un qu'ils peuvent facilement reconnaître. Donc ça lui enlève rien et je pense qu'il doit aussi avoir un bon nombre d'autres qualités qu'il va essayer de faire valoir ici à la Chambre des communes», a-t-il dit.

Il a aussi affirmé que les électeurs sont moins attachés aux partis politiques comme autrefois.

«Dans ma circonscription, on me dit que les anciennes générations étaient teindues (sic) rouge ou teindues bleues, que les gens votaient rouge lorsqu'ils avaient 18 ans et votaient rouge à la fin de leur vie aussi. Ce n'est plus comme ça que ça fonctionne au Canada. On a vu au cours des dernières années, avec le - la faiblesse du Bloc, l'émergence du NDP en 2011, le gouvernement libéral en 2015, on le voit à quel l'électorat canadien est volatil, dans le sens que les Canadiens sont de plus en plus ouverts, sont de plus en plus observateurs de ce qui peut leur profiter à eux, en fonction des enjeux du moment», a-t-il analysé.

Si les néo-démocrates et les libéraux pansaient leur plaie, les conservateurs pavoisaient encore hier d'avoir arraché une circonscription au Parti libéral. «La population de Chicoutimi-Le Fjord a lancé un message fort au gouvernement libéral et à tout le Canada. Le Parti conservateur est la seule alternative sérieuse au gouvernement actuel, et la seule formation politique en mesure de défendre les intérêts du Québec dans un Canada fort et uni à Ottawa», a lancé le lieutenant politique d'Andrew Scheer au Québec, le député Alain Rayes, à la Chambre des communes.