Le gouverneur général du Canada, David Johnston, aspire à rester au-dessus de la mêlée dans la joute politique et croit qu'il s'agit là de l'un des aspects les plus pertinents de son rôle.

Un cul-de-sac politique se dessine entre le Sénat et la Chambre des communes concernant le projet de loi sur l'aide médicale à mourir, un débat qui soulève des questions sur l'équilibre des pouvoirs entre des sénateurs non élus et des députés élus.

Ce rare chassé-croisé entre les deux chambres au Canada pourrait nécessiter l'intervention d'un arbitre, et qui de mieux pour le faire qu'un ancien joueur de hockey et ex-universitaire qui se décrit lui-même comme un « représentant de l'âme du pays » ?

Or, malgré cela, M. Johnston s'est engagé à ne pas s'impliquer publiquement.

En entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne depuis Londres - où il assiste aux célébrations du 90e anniversaire de la reine Élisabeth II -, le gouverneur général a argué qu'il ne devrait pas mettre son grain de sel dans le débat.

Il a expliqué que l'un des avantages de son travail était qu'il était fondamentalement « apolitique » et que le gouverneur général devait ainsi se placer « à l'extérieur de la politique et y rester ».

La pertinence de ce rôle était d'ailleurs le sujet d'un débat qui a eu lieu lors d'un déjeuner-causerie entre M. Johnston, 14 autres gouverneurs généraux et la reine qu'ils représentent.

L'anniversaire de naissance de la reine est en avril, mais la tradition britannique permet à la souveraine de choisir le moment des célébrations publiques, qui se tiennent cette fois-ci samedi.

La reine et ses représentants se sont réunis pour un déjeuner après une cérémonie en grande pompe à la célèbre cathédrale Saint-Paul de Londres pour lancer trois jours de festivités.

M. Johnston croit que la stabilité et la sérénité que la reine amène dans les monarchies constitutionnelles - comme au Canada - sont essentielles.

Selon lui, le fait d'avoir un chef d'État distinct du chef de gouvernement permet que l'un de ces deux dirigeants se concentre sur le long terme, alors que l'autre agit au gré du cycle électoral, une gouvernance caractérisée par une vision à court terme.

Les Canadiens souhaitent peut-être plus s'impliquer dans le processus politique, mais la monarchie a encore un rôle important, selon le gouverneur général.

« Si vous regardez l'histoire du Canada, nous avons évolué étape par étape ; c'est un pays qui est né de l'évolution, pas de la révolution comme plusieurs pays l'ont fait. Il a évité les extrêmes », a-t-il souligné.

« Nous avons conçu ces institutions gouvernementales qui semblent fonctionner à tout moment et par rapport aux débats actuels, la démocratie triomphera toujours », a-t-il ajouté.