L'ancien premier ministre Brian Mulroney se réjouit que Justin Trudeau soit l'invité d'un dîner d'État donné par le président Barack Obama, cette semaine à Washington.

M. Mulroney, qui a été à la tête du gouvernement canadien de 1984 à 1993, croit que les liens personnels entre le premier ministre et le président peuvent servir de base solide pour la conclusion d'ententes majeures par la suite. À son avis, sa propre relation d'amitié avec l'ex-président Ronald Reagan a grandement favorisé la conclusion d'accords bilatéraux sur le libre-échange, la lutte aux pluies acides et la souveraineté canadienne dans l'Arctique.

L'ordre du jour des entretiens entre Justin Trudeau et Barack Obama, mercredi, ressemblera beaucoup à celui des années 80: commerce, environnement et Arctique. On prévoit aussi discuter notamment du Partenariat transpacifique (PTP) et de la sécurité aux frontières.

« Il ne se passera pas grand-chose entre le Canada et les États-Unis à l'échelle internationale s'il n'existe pas déjà un lien personnel entre le président et le premier ministre », a estimé M. Mulroney dans une entrevue à La Presse Canadienne. « Ceux qui prétendent le contraire ne savent pas du tout de quoi ils parlent. Les choses évoluent plus rapidement à Washington lorsque le président dit que le premier ministre et le Canada sont ses amis, et qu'il veut des résultats. »

L'accord de 1988 sur le passage du Nord-Ouest en serait un bon exemple, semble-t-il. Au début des années 80, Washington estimait qu'il s'agissait d'eaux internationales, mais Ottawa n'était pas d'accord. Lorsqu'un navire de la garde côtière américaine a traversé le passage sans en demander la permission aux autorités canadiennes, M. Mulroney a commencé à informer les Américains sur les divergences de points de vue.

Lors de la visite de Ronald Reagan à Ottawa en 1987, le premier ministre lui aurait montré sur un globe terrestre le passage en question. Il aurait demandé au président comment on pouvait croire qu'il s'agissait d'eaux internationales alors qu'on peut marcher sur le passage une fois qu'il est gelé. M. Reagan aurait alors demandé à ses adjoints, éberlués, d'évoquer le passage du Nord-Ouest dans le texte de son allocution au Parlement. L'année suivante, un accord a été signé entre les deux pays, qui prévoit que les éventuels brise-glaces américains devront demander la permission au Canada avant de naviguer dans ce passage.

Cette année, toutefois, les deux leaders devraient parler de l'Arctique davantage sous l'angle de l'environnement que de la souveraineté. Selon Derek Burney, ancien chef de cabinet de M. Mulroney, les deux hommes devraient assez bien s'entendre en cette matière. Mais le symbole sera plus marquant parce qu'il est important que les initiatives viennent de haut, sans quoi elles resteront lettre morte, selon lui.

La relation entre Brian Mulroney et Ronald Reagan a duré pendant les cinq ans où ils ont été en poste en même temps. La relation entre Justin Trudeau et Barack Obama sera, elle, beaucoup plus brève car le président américain complétera en janvier son deuxième et dernier mandat à la Maison-Blanche. On ignore quel sera le legs politique de cette rencontre pour l'administration américaine, mais selon M. Mulroney, cela ne peut pas nuire.

« Même si le président ne sera là que pendant quelques mois encore, [cette invitation] représente un hommage important au Canada et démontre la façon dont le président considère les relations entre les deux pays. »