À un an des élections fédérales, un important cadre du parti de Justin Trudeau vient de démissionner en dénonçant la centralisation des ressources autour du chef et en Ontario, a appris La Presse.

Yves Malette, directeur aux opérations de l'aile québécoise du Parti libéral du Canada (PLC-Q), a annoncé qu'il quittait son poste, dans une lettre datée du 2 septembre dernier.

«Les priorités du PLC sont orientées vers l'établissement de structures et de ressources vers le haut de la pyramide et centralisées vers Ottawa et Toronto», écrit-il dans le court texte.

«À mon avis, les ressources sont insuffisantes afin de mener à bien le travail qui devrait se faire présentement à travers le Québec en guise de préparation électorale.»

Il précise que cette situation a cours «depuis un certain temps».

M. Malette occupait son poste depuis un an. Auparavant, il était organisateur du Parti libéral du Québec (PLQ) pour l'ouest de la province, notamment pendant les élections de l'été 2012.

Selon sa lettre, sa démission ne devait être effective que le 30 septembre, mais il avait déjà quitté le bureau, hier.

«Rassuré et confiant»

Yves Malette a refusé de commenter le dossier. «Je n'ai pas de commentaire pour le moment», s'est-il contenté de dire.

L'ex-député Pablo Rodriguez - qui coprésidera la prochaine campagne libérale au Québec - a fait valoir que le démissionnaire était mal informé quant à la distribution des ressources du parti.

Après la réception de sa lettre, on «a expliqué [à M. Malette] que des ressources supplémentaires allaient être allouées pour le Québec à l'approche des élections», relate M. Rodriguez dans sa réplique, effectuée par courriel. «Il est évident que M. Malette n'était pas au fait de tout ce qui s'en venait pour le PLC (Q).»

Selon Pablo Rodriguez, Yves Malette «s'est dit rassuré et confiant que nous aurions des ressources à la hauteur de nos ambitions». Ces propos ne sont pas confirmés par le principal intéressé, demeuré muet.

«Nous respectons la décision, qu'il a prise pour des raisons personnelles, nous le remercions pour son travail au cours des derniers mois et lui souhaitons beaucoup de succès dans ses prochains défis», a ajouté M. Rodriguez.

«Garde rapprochée de Toronto»

Ce départ et les motifs qui le soutenaient rappellent celui de Denis Coderre, en septembre 2009. Le député de Bourassa avait quitté son poste de lieutenant politique du chef libéral Michael Ignatieff au Québec en dénonçant l'ingérence de la «garde rapprochée [du chef] de Toronto» dans les affaires du parti au Québec.

M. Coderre avait entraîné dans son sillage celui qui occupait le poste d'Yves Malette à l'époque, ainsi que quatre autres acteurs importants du parti au Québec.

Les libéraux de Justin Trudeau comptent sur le désamour des Québécois envers Stephen Harper, sur les problèmes du Bloc québécois et sur un possible ressac de la vague orange pour conquérir des sièges au Québec. L'élection fédérale devrait avoir lieu en octobre 2015.