Le bureau du vérificateur général Michael Ferguson a été contraint d'embaucher cinq firmes d'experts en comptabilité, au coût de près d'un demi-million de dollars, afin de l'aider à passer au peigne fin toutes les dépenses engagées par tous les sénateurs au cours des dernières années.

Des dizaines de milliers de pages de documents doivent être épluchées dans le cadre de cette vaste enquête du vérificateur général, qui a été lancée dans la foulée du scandale des dépenses au Sénat l'an dernier.

Les boîtes de documents sont si nombreuses que le bureau du vérificateur général a dû louer un camion de déménagement de cinq tonnes pour les transporter dans un local appartenant à la Commission de la capitale nationale situé à moins d'un demi-kilomètre de la colline parlementaire, selon des documents obtenus par La Presse en vertu de la Loi sur l'accès à l'information. Le transport des documents a eu lieu le 16 janvier dernier, alors que les députés de la Chambre des communes et les sénateurs de la Chambre haute ne siégeaient pas.

Un demi-million

Jusqu'ici, le bureau du vérificateur général a accordé des contrats totalisant près d'un demi-million aux firmes Deloitte&Touche (56 500$), KPMG (120 768$), PricewaterhouseCoopers (156 360$), Raymond Chabot Grant Thornton (85 597$) et Samson&Associés (45 198$).

L'enquête a commencé l'automne dernier. Le vérificateur général prévoit déposer le fruit de son enquête au printemps prochain, soit quelques mois avant les prochaines élections, prévues en octobre 2015.

Ce sont les sénateurs eux-mêmes qui ont demandé en juin dernier à Michael Ferguson d'examiner leurs indemnités individuelles pour les déplacements, les allocations de logement, les dépenses associées au fonctionnement de leurs bureaux et les frais d'hébergement.

Cette requête a été faite après que les médias eurent révélé que les sénateurs Mike Duffy, Pamela Wallin et Patrick Brazeau, tous nommés par le premier ministre Stephen Harper, et l'ex-sénateur libéral Mac Harb eurent réclamé des dizaines de milliers de dollars en allocations d'hébergement et de déplacement injustifiées. La GRC a déposé des accusations de fraude et d'abus de confiance contre deux d'entre eux, soit Patrick Brazeau et Mac Harb.

L'enquête policière se poursuit dans les cas de Mme Wallin et de M. Duffy. Des médias ont rapporté la semaine dernière que des accusations seraient déposées contre M. Duffy sous peu. En février, La Presse a révélé que l'enquête policière sur ces sénateurs avait coûté plus de 1 million de dollars aux contribuables.

«Le bureau procède avec l'audit du Sénat comme il le fait avec tous ses audits de performance. La démarche prévoit le recours à des spécialistes et conseillers externes lorsque les besoins le justifient, ainsi que l'examen de documents, des entrevues et du travail d'analyse, et un contrôle de conformité avec les normes d'audit», a indiqué Ghislain Desjardins, porte-parole du vérificateur général.

Enquête exhaustive

Il a précisé que certains de ces contrats ont pris fin le 31 mars et ont été renouvelés. «Nous allons continuer de suivre le coût de l'audit du Sénat comme nous le faisons pour tous nos audits. Le coût final de cet audit sera divulgué publiquement une fois l'audit terminé. Les contractuels font leur travail de concert avec notre équipe d'audit et leurs constatations sont intégrées aux nôtres. Nous recueillons l'information, nous l'analysons, et nous en faisons rapport. Le travail d'audit est toujours en cours», a indiqué M. Desjardins.

Le chef du Nouveau Parti démocratique Thomas Mulcair a affirmé que le vérificateur général doit mener à bien cette enquête exhaustive, même si cela entraîne des coûts supplémentaires aux contribuables. Il a soutenu que le premier ministre Stephen Harper est l'unique responsable de ce fiasco au Sénat puisque c'est lui qui a nommé les Mike Duffy, Pamela Wallin et Patrick Brazeau pour des raisons strictement partisanes.

- Avec William Leclerc