Le gouvernement conservateur a reçu une agréable dose de bonnes nouvelles, cette semaine, sous la forme du rapport tant attendu du département d'État américain concernant les possibles impacts environnementaux du projet d'oléoduc Keystone XL.

Ce rapport n'a pas fait état de risques particuliers pour l'environnement.

Depuis que Stephen Harper a parlé comme d'une «évidence» de l'approbation américaine du projet de 5,4 milliards de dollars qui relierait les sables bitumineux albertains à la côte texane, en septembre 2011, le risque était gros que le premier ministre soit rabroué.

Dès janvier 2012, le ministre des Ressources naturelles Joe Oliver avait fait de cette question - et de la diversification des marchés étrangers pour les ressources énergétiques canadiennes - un «dossier urgent en lien avec les intérêts nationaux du Canada».

Ajoutez à cela une longue liste d'émissaires canadiens à Washington pour discuter du projet Keystone XL, une campagne de publicité de plusieurs millions de dollars visant les décideurs politiques et les consommateurs américains et, plus récemment, une demande à tout le moins pressante du ministre des Affaires étrangères John Baird pour que le président américain Barack Obama prenne une décision, et toute l'affaire prend l'apparence d'un trou noir politique au ralenti.

Alors que 2014 se dessinent comme une année où les conservateurs devront retrouver un certain allant politique en prévision des élections sur la question de l'énergie, l'évaluation du département d'État rejoint plusieurs arguments de longue date du Parti conservateur.

«Les avantages pour les États-Unis et le Canada sont clairs», a dit vendredi M. Oliver après la publication du rapport.

«Nous attendons une décision rapide dans ce dossier.»

Il ferait bien de ne pas retenir son souffle.

Huit autres agences américaines disposent de 90 jours pour commenter le rapport du département d'État, et le président peut ensuite prendre aussi longtemps qu'il voudra pour en venir à une décision.

«Le dossier a été entraîné dans une dynamique politique qui va au-delà de l'échange rationnel de données chiffrées», estime David McLaughlin, un ancien président de la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie, et chef de cabinet du ministre des Finances Jim Flaherty.

De son côté, le mouvement environnemental agit certainement comme si ce rapport n'était qu'une autre publication à saveur partisane.

«Si le président Barack Obama veut vraiment pouvoir dire à ses enfants qu'il a accompli tout ce qu'il pouvait pour combattre les changements climatiques, il doit rejeter ces oléoducs puisqu'il s'agit de la mèche de l'une des pires bombes au carbone de la planète», a martelé vendredi Mike Hudema, de Greenpeace Canada.

Si le rapport devait redonner un peu de crédibilité au gouvernement Harper dans cette affaire, les avantages pourraient être difficiles à distinguer.

Libéraux et néo-démocrates, s'ils ne sont pas d'accord sur le projet Keystone XL, s'entendent tout de même pour dire que le premier ministre est à blâmer pour ce lourd imbroglio politique.

Partisans et opposants du projet d'oléoduc se disent eux aussi d'accord sur le fait que l'approche sans concessions des conservateurs a poussé M. Harper à se «peinturer dans un coin».

Aux yeux de M. McLaughlin, ainsi, le Canada n'a pas donné suffisamment de bonnes raisons à M. Obama pour donner son aval au projet.