Avant même leur entretien prévu vendredi en fin de journée, le premier ministre Stephen Harper a opposé une fin de non-recevoir aux demandes que s'apprêtait à lui faire Pauline Marois. Dans le cadre d'une annonce d'investissement à Lévis - 15 millions de dollars pour l'aménagement de la traverse Québec-Lévis, M. Harper a signalé que l'assurance emploi était une compétence strictement fédérale, et qu'Ottawa avait déjà tout mis en oeuvre pour réduire l'impact des modifications qu'il vient de proposer pour les travailleurs saisonniers.

«C'est clairement de compétence fédérale selon la constitution canadienne, et nous avons évidemment l'intention de respecter les compétences. L'assurance emploi est importante pour les chômeurs, pour les gens qui ne peuvent pas trouver de travail, on va respecter nos responsabilités envers ces gens» de soutenir M. Harper.

Quand on lui rappelle que Mme Marois, à la clôture de son caucus dans les Laurentides vendredi midi, avait indiqué qu'elle réclamerait des assouplissements d'Ottawa, il réplique sans détour; «Notre position est très claire, l'assurance emploi est là pour des gens qui ne peuvent pas travailler dans leur région, dans ces cas l'assurance emploi sera là et notre réforme assure sa présence pour ces gens» a-t-il dit.

Il n'a pas voulu commenter le passage de Mme Marois en Écosse où elle a avec difficulté fait la promotion du projet souverainiste de son gouvernement. Les premiers ministres provinciaux sont libres de voyager et de promouvoir leur point de vue à l'étranger dira M. Harper.

Clairement, le premier ministre Harper avait décidé de réduire au maximum ses contacts avec la première ministre souverainiste. Contrairement à ses rencontres avec Jean Charest, son cabinet avait refusé de tenir un point de presse conjoint après la rencontre, expliquant vouloir connaître à l'avance les journalistes qui allaient poser des questions. M. Harper s'est même opposé au traditionnel «photo op» où les caméras auraient pu capter des images des deux politiciens en train de discuter. Il s'agit d'une mesure habituelle d'expliquer Carl Vallée du bureau de M. Harper. Une rencontre toute récente avec le leader des Territoires du Nord-Ouest n'avait pas davantage donné lieu à une séance de photo. Mme Marois avait dû terminer plus tôt son caucus dans les Laurentides pour venir rencontrer Stephen Harper à Québec.

Plus tôt, elle avait indiqué «souhaiter que du côté de l'assurance emploi, on puisse trouver une voie de passage pour le Québec, pour protéger les travailleurs, les mesures adoptées sont très pénalisantes compte tenu de notre économie où on trouve beaucoup de travailleurs saisonniers, dans le tourisme, les ressources naturelles et les pêches» a-t-elle expliqué. Le Québec compte 40 % des bénéficiaires de l'assurance emploi. Cette question reste le «front le plus spécifique» avec Ottawa. Québec veut aussi rapatrier des mesures actives en matière de formation de la main-d'oeuvre, pour compléter le transfert de responsabilité consenti par Ottawa à l'époque de Lucien Bouchard.