Le ministre de la Défense nationale, Peter MacKay, a affirmé mardi que les accusations d'espionnage portées contre un militaire canadien, qui aurait transmis des informations à une «entité étrangère», ne nuiront pas aux bonnes relations entre Ottawa et ses alliés.

Le ministre MacKay a fait valoir que les alliés du Canada font tout à fait confiance aux Forces canadiennes.

Lundi, le sous-lieutenant Jeffrey Paul Delisle a été formellement accusé en vertu de la Loi sur la sécurité de l'information. Les faits qui lui sont reprochés se seraient produits sur une période de cinq ans, à partir de 2007.

Delisle, âgé de 40 ans, de Halifax, n'était pas présent mardi dans le cadre de son audience de remise en liberté. Il devra se présenter au tribunal à Halifax le 25 janvier.

Mardi, le premier ministre Stephen Harper a refusé de commenter le dossier. «Cette question est liée non seulement à un cas devant les tribunaux mais aussi à la sécurité nationale, et pour cette raison, je ne peux pas faire de commentaire», a-t-il dit, de passage à Saguenay.

Pour sa part, le ministre MacKay a refusé de confirmer des informations selon lesquelles le sous-lieutenant Delisle serait soupçonné d'avoir travaillé pour le compte de Moscou. «Il s'agit d'un enjeu de sécurité nationale», a-t-il affirmé au cours d'une conférence de presse à Ottawa.

«Je félicite la police, le SCRS et le ministère de la Défense pour le travail qu'ils ont effectué afin de protéger notre sécurité nationale. La preuve en est que nous avons maintenant une personne accusée.»

Devant le palais de justice d'Halifax, l'avocat de Delisle a refusé de commenter le dossier, se limitant à rappeler que son client était légalement innocent jusqu'à preuve du contraire.

«Nous venons tout juste d'obtenir la preuve. Nous devons d'abord en prendre connaissance», a fait valoir Me Cameron MacKeen. «Le seul commentaire que je ferai, c'est que les gens doivent comprendre que la présomption d'innocence existe dans ce pays.»

La Couronne a refusé de commenter.

Les documents judiciaires indiquent que l'une des présumées violations aurait eu lieu entre le 6 juillet 2007 et le 13 janvier 2012, alors que la seconde se serait produite la semaine dernière.

Delisle, qui habite la région d'Halifax, devra aussi se défendre contre une accusation d'abus de confiance portée en vertu du Code criminel. Cette infraction se serait aussi produite entre le 6 juillet 2007 et le 13 janvier 2012.

Toutes les accusations sont liées à des faits présumés qui se seraient produits dans les secteurs d'Halifax, d'Ottawa et de Kingston, en Ontario.

Des sources de La Presse Canadienne oeuvrant dans le secteur de la défense ont indiqué que Delisle travaillait à la base Stadacona au sein de la section «Trinity», un centre naval de communication et de renseignement établi à Halifax. On y traite des informations très secrètes en provenance d'autres pays de l'OTAN.

Les services canadiens de contre-espionnage procèdent actuellement à une évaluation des dommages causés par la fuite présumée, selon une source.

Jeffrey Paul Delisle a joint la Marine canadienne en tant que réserviste en 1996, avant de faire son entrée dans les forces régulières en 2001. Il a été promu officier en 2008, soit après avoir commencé à transmettre des informations secrètes, a confié une source à La Presse Canadienne.

C'est la première fois qu'on utilise devant un tribunal les dispositions de la Loi sur la sécurité de l'information, adoptée dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001.