La dernière mouture du Nouveau Parti démocratique affiche une certaine «ambiguïté» quant à sa loyauté envers le Canada, a déploré mardi l'ancien premier ministre canadien Jean Chrétien.

De passage à Québec, l'ex-leader du Parti libéral du Canada (PLC) a dit constater avec regret la résurgence à l'avant-scène du dossier constitutionnel depuis l'élection, le 2 mai, d'un contingent historique de 59 députés québécois du NPD.

«Évidemment, il y a de l'ambiguïté et j'ai noté qu'on a recommencé à parler de constitution depuis l'élection. Je dois vous dire qu'en 1993 j'avais dit ceci: si vous voulez parler de constitution, votez contre moi, parce que moi, je n'en parlerai pas. Il y a d'autres problèmes que celui-là», a affirmé M. Chrétien, lors d'un point de presse au Château Frontenac.

Sans se prononcer sur le fond, l'ancien premier ministre a dit trouver «originale» l'idée du père de la Loi sur la clarté, Stéphane Dion, de demander aux nouveaux députés néo-démocrates de faire une profession de foi fédéraliste.

«Moi je n'ai pas eu besoin de faire ça», a lancé avec vigueur l'ex-chef du gouvernement canadien de 1993 à 2003. «Je ne sais pas ce que Dion a dit, mais il a souvent des idées originales. Il a été mon ministre pendant dix ans.».

Jusqu'ici, au moins deux députés conduits à Ottawa par la puissante vague orange ont admis ne pas savoir quelle option ils appuieraient advenant la tenue d'un référendum sur la souveraineté.

Pour ajouter à la confusion, le chef néo-démocrate, Jack Layton, s'est prononcé, après avoir longuement tergiversé, en faveur de la formule de la majorité simple de 50 pour cent plus un en prévision d'un éventuel référendum sur la souveraineté.

Cette position, fidèle à celle de la classe politique québécoise, semble difficilement conciliable avec la Loi sur la clarté.

La législation fédérale stipule en effet que le camp souverainiste doit remporter une majorité «claire» pour qu'Ottawa entame des négociations sur la sécession.

Inquiète de voir le NPD «flirter» avec les nationalistes québécois, la presse anglophone rappelle d'ailleurs depuis quelques jours au chef du NPD, Jack Layton, qu'il a un devoir de loyauté envers le Canada.

M. Chrétien a fait part de ses impressions sur les résultats de l'élection après avoir clôturé les travaux de l'InterAction Council, un groupe d'une vingtaine d'anciens chefs de gouvernement qui se réunit une fois l'an pour échanger sur divers enjeux mondiaux.

L'ex-premier ministre était flanqué en conférence de presse de l'ancien président du Mexique, Enersto Zedillo, alors que la plupart des autres participants avaient déjà quitté la Vieille Capitale.

Après trois jours de discussions, ce groupe sélect des «ex» - Bill Clinton y est venu faire acte de présence dimanche - a convenu de créer un comité pour «combler le grave manque de leadership» concernant les problèmes d'eau à l'échelle de la planète.

«Le leadership international en matière de questions liées à l'eau est quasi inexistant», a conclu le conseil, redoutant à terme une «crise de l'eau» à l'échelle de la planète.