Un rapport interne du Service canadien du renseignement de sécurité  (SCRS) révèle que l'organisme était au courant d'allégations de torture de prisonniers en Afghanistan, mais qu'il ne disposait pas d'informations de première main à ce sujet.

Ce document, tout juste mis en circulation, fait également valoir que, même si le SCRS semble avoir tardé à diffuser des directives et des lignes de conduite au sujet des interrogatoires de détenus afghans, la sélection d'employés appropriés et une approche de bons sens à l'égard de la tâche ont assuré le maintien de la crédibilité et de la réputation de l'organisme.

«Le (SCRS) a depuis fourni des indications appropriées à ses agents pour les questions concernant les détenus en Afghanistan», peut-on lire dans le document.

En mars, La Presse Canadienne avait révélé l'implication du SCRS dans des interrogatoires de présumés combattants talibans menés avec des officiers du renseignement.

Le directeur du SCRS, Dick Fadden, avait ensuite demandé une révision complète des activités de son organisme, invoquant la nature controversée de ce dossier pour le gouvernement.

Une ébauche de ce rapport secret, dont certains passages ont été biffés, a été obtenue en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

L'armée canadienne aurait capturé des centaines de présumés combattants talibans au cours des neuf dernières années. Des rapports soutiennent que près de 500 de ces détenus ont été remis aux autorités afghanes depuis 2006.

Le SCRS a interrogé des détenus afghans entre 2002 et la fin de 2007, lorsque l'armée a commencé à mener des interrogatoires sans aide. Le rapport précise que ce changement a été apporté en raison d'inquiétudes relatives à la légalité et aux procédures que faisait susciter l'implication d'agences externes.

Pour la révision, le SCRS a examiné des dossiers remontant jusqu'en 2002 et interrogé des membres de son personnel ayant été directement concernés par le dossier des détenus.

«Les politiques et les messages d'orientation du SCRS concernant la participation des employés quant aux détenus afghans n'étaient pas en place au début du déploiement de personnel en Afghanistan par l'organisme, explique le rapport. Tout cela n'a été rectifié que récemment.»

Le rapport explique également que les agents du SCRS envoyés en Afghanistan n'avaient pas d'informations de première main faisant état d'abus, de mauvais traitement ou de torture de prisonniers, soit par les Forces canadiennes ou les autorités afghanes.

Le document précise toutefois que des allégations d'abus de la part des autorités afghanes étaient connues. Les détails concernant cet aspect ont été censurés.