En réplique aux critiques contre le rejet, par le Sénat, du projet de loi sur la responsabilité en matière de changements climatiques, le gouvernement Harper a demandé hier le consentement unanime à la Chambre des communes pour faire adopter sa réforme de la Chambre haute, ce que les partis de l'opposition ont refusé catégoriquement.



En catimini, mardi soir, les sénateurs conservateurs ont défait, sans débat ni renvoi en comité, le projet de loi C-311, qui prévoyait l'adoption d'ambitieuses cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre, causant la colère des partis de l'opposition et des environnementalistes.

Le NPD de Jack Layton, notamment, a vivement dénoncé le fait que Stephen Harper avait lui-même remis en question la légitimité d'un Sénat non élu et non redevable envers la population, avant de changer son fusil d'épaule et de nommer toute une série de sénateurs conservateurs, dans les dernières années, ce qui lui a permis ainsi de reprendre le contrôle de la majorité de la Chambre haute.

Hier, le leader du gouvernement en Chambre, John Baird, a profité de cette controverse pour tenter de mettre de l'avant une réforme du Sénat que les conservateurs cherchent à faire adopter depuis leur arrivée au pouvoir.

«Étant donné l'enthousiasme renouvelé pour une réforme du Sénat chez nos amis du Nouveau Parti démocratique, je demande le consentement unanime pour la motion suivante», a déclaré en Chambre M. Baird, proposant d'adopter sans débat ni renvoi en comité, le projet de loi C-10, qui prévoit de limiter à huit ans la durée du mandat des sénateurs.

«Hier les néo-démocrates se plaignaient d'un Sénat non élu qui prenait des décisions, alors on s'est levés en Chambre pour demander qu'ils arrêtent de bluffer et appuient la réforme du Sénat, mais ils ont dit non, a déploré M. Baird, à sa sortie des Communes. Ils n'ont pas eu le courage d'agir.»

Réactions

Les troupes néo-démocrates ont rejeté catégoriquement ce qu'elles qualifient de «jeu politique» de la part des conservateurs. «Une limite sur la durée des mandats des sénateurs ne va pas arrêter ce qui est arrivé au Sénat avant-hier, lorsque les sénateurs non élus ont refusé d'adopter un projet de loi de la Chambre des communes», a souligné M. Layton.

«On va continuer de dire que ce n'est pas suffisant, a-t-il ajouté. Ce dont on a besoin, c'est d'abolir le Sénat, parce que si on continue d'avoir un Sénat non élu qui sert comme un obstacle à la démocratie au Canada, on doit éliminer l'obstacle.»

Quant aux libéraux, ils estiment que les conservateurs ont tenté de détourner le débat du geste selon eux «inacceptable» qui a été posé par les sénateurs conservateurs mardi soir.