Alors que les Américains se réjouissent de l'arrivée d'une nouvelle ère politique remplie d'espoir et d'inclusion sociale, le gouvernement du Canada a procédé au remplacement des termes «développement social» dans le titre de l'un de ses plus importants ministères.

La semaine dernière, Diane Finley est devenue la ministre des Ressources humaines et du Développement des compétences, une fonction jusqu'alors connue sous le titre de ministre des Ressources humaines et du Développement social.

Selon le Parti conservateur, le changement de nom signifie simplement que l'effort est mis sur le développement des compétences et une économie chancelante.

«C'était volontaire, évidemment, a indiqué Kory Teneyck, un porte-parole de Stephen Harper. Je crois que la meilleure chose à faire pour améliorer la qualité de vie d'une personne sans emploi est de l'aider à s'en trouver un autre.»

Mais des militants antipauvreté affirment que ce changement de nom subtil est une preuve démontrant la régression des conservateurs en ce qui concerne les enjeux sociaux. Il s'agit, selon eux, du même gouvernement qui a rejeté l'Accord de Kelowna pour améliorer la qualité de vie des Autochtones ainsi que les ententes provinciales pour établir un plan national sur la garde des enfants.

Le gouvernement fédéral distribue aux provinces des millions de dollars annuellement pour le financement de la santé, de l'éducation et d'autres programmes sociaux.

«Mais ces efforts n'ont jamais porté sur le développement social», a affirmé l'économiste en chef du Centre canadien de politiques alternatives, Armine Yalnizyan. Et les choses devraient se corser, selon elle, car le Québec, Terre-Neuve-et-Labrador, l'Ontario, la Nouvelle-Ecosse, le Manitoba et le Nouveau-Bruswick ont tous mis en place ou annoncé des mesures visant à contrer la pauvreté.

Durant la dernière campagne électorale fédérale, tous les partis politiques ont proposé une stratégie pour réduire la pauvreté. Tous, sauf le Parti conservateur, a argué Mme Yalnizyan, ajoutant que les conservateurs allaient subir de la pression s'ils ne s'attaquaient pas à ce problème.

Selon une récente étude menée par l'Institut C.D. Howe, environ 11 pour cent des Canadiens, soit quelque 3,4 millions de personnes, vivent sous le seuil de faible revenu.

Dans un rapport publié en septembre, le groupe antipauvreté Campagne 2000 a pour sa part estimé à 800 000 le nombre d'enfants canadiens affectés par la pauvreté.