(Charlottetown) Les électeurs de l’Île-du-Prince-Édouard ont livré lundi une majorité décisive aux progressistes-conservateurs sortants après une campagne électorale dominée par le débat sur les soins de santé.

Selon tous les sondages, les conservateurs du premier ministre Dennis King ont été élus dans 22 des 27 circonscriptions de la province, les libéraux ont remporté trois sièges et les verts deux. Les conservateurs ont obtenu 55,9 % des voix et M. King a été facilement réélu dans sa circonscription de Brackley-Hunter River.

Les conservateurs briguaient un deuxième mandat après quatre années marquées par le début de la pandémie de COVID-19, deux tempêtes post-tropicales majeures et des problèmes dans le réseau de la santé.

Les principaux adversaires du parti étaient le Parti vert, dirigé par le dentiste d’origine écossaise Peter Bevan-Baker, et les libéraux, dirigés par l’ancienne bureaucrate Sharon Cameron, qui a été acclamée à la tête de la formation il y a moins de cinq mois. Elle a défié M. Bevan-Baker dans sa circonscription et a perdu contre lui, lundi.

PHOTO BRIAN MCINNIS, LA PRESSE CANADIENNE

Le chef du Parti vert de l’Île-du-Prince-Édouard Peter Bevan-Baker

Lors de la dissolution, les conservateurs détenaient une légère majorité avec 15 des 27 sièges de la législature. Les verts avaient huit sièges, majoritairement dans les régions de Charlottetown et de Summerside. Les libéraux détenaient quatre sièges, après avoir perdu leur majorité au profit des conservateurs en 2019.

PHOTO BRIAN MCINNIS, LA PRESSE CANADIENNE

La cheffe du Parti libéral de l’Île-du-Prince-Édouard Sharon Cameron

Les néo-démocrates n’ont jamais été un facteur dans la course et ils ont terminé avec seulement 4,5 % des voix, contre 21,6 % pour les verts et 17,2 % pour les libéraux.

Le vote d’avril 2019 a vu l’Île-du-Prince-Édouard devenir la première province au Canada où le Parti vert formait l’opposition officielle. Les conservateurs ont initialement remporté un gouvernement minoritaire, ce que les Insulaires n’avaient pas vu depuis le XIXe siècle, mais ils ont obtenu une faible majorité après une élection partielle en 2020.

Malgré la percée des verts il y a près de quatre ans, les observateurs politiques de l’île avaient estimé que l’électorat ne semblait pas avoir envie de voir plus de changement lorsque la présente campagne a commencé, le 6 mars.

Les verts ont nommé 25 candidats, deux de moins que la liste complète. Les libéraux ont également échoué par la même marge.

Les sondages d’opinion effectués au début et à la fin de la campagne de quatre semaines ont suggéré que les conservateurs étaient bien en avance sur leurs rivaux, y compris les néo-démocrates, qui se retrouvaient loin en quatrième place.

Lundi soir, les bénévoles verts présents dans le Trailside Music Hall de Charlottetown se sont tus alors que les résultats montraient que les candidats verts se battaient pour leur vie politique.

Le conseiller politique des verts, Nate Hood, a déclaré qu’il espérait que le parti serait en mesure de conserver certains de ses sièges.

« On a beaucoup parlé au début de la campagne du fait qu’il pourrait y avoir potentiellement un balayage complet pour les progressistes-conservateurs », a déclaré M. Hood. Il a ajouté qu’il pensait que son parti avait pris de l’élan durant la campagne et il espérait obtenir une base solide de soutien.

Promesses électorales

Alors que la campagne commençait le mois dernier, M. King a cité les défis auxquels son parti était confronté : deux tempêtes de force ouragan — Dorian en 2019 et Fiona en septembre dernier — et les retombées économiques causées par un champignon de la pomme de terre qui a interrompu les exportations de la culture la plus importante de l’île.

M. King, ancien journaliste et porte-parole de l’ancien premier ministre Pat Binns, a appelé les électeurs aux urnes six mois avant la date des élections à date fixe de la province et moins de deux semaines après que la province a conclu un accord de financement des soins de santé de 10 ans avec Ottawa d’une valeur de 966 millions.

Selon un analyste politique de l’Île-du-Prince-Édouard, Don Desserud, la stratégie des conservateurs était de demander aux électeurs de prendre note de leurs réalisations malgré les obstacles qui se dressaient sur leur chemin. Il a expliqué que c’était comme si M. King disait en sous-texte : « Si nous pouvons faire cela dans ces circonstances, imaginez ce que nous pouvons faire lorsque nous n’avons pas à faire face à ces crises. »

Ce message a semblé bien fonctionner.

Entre autres choses, les conservateurs ont promis de faire en sorte que tous les Insulaires ne soient plus sur la liste d’attente provinciale pour un médecin au cours des deux prochaines années, d’augmenter la main-d’œuvre à 90 000 emplois d’ici 2026 et de réduire les délais d’attente pour les permis de construire à un maximum de 30 jours d’ici la fin de l’année.

M. Desserud a dit que c’était une solide plateforme. « Je pense que lorsque la Chambre se réunira à nouveau, elle sera beaucoup plus agressive sur ce qu’elle veut accomplir, a-t-il déclaré. Je pense qu’ils auront une vision beaucoup plus grande que celle qu’ils avaient avant ».

Par voie de communiqué, le premier ministre Justin Trudeau a félicité Dennis King et le Parti progressiste-conservateur pour leur réélection. Il a dit être « impatient » de poursuivre sa collaboration avec le premier ministre King.

« Ensemble, nous travaillerons à faire croître l’économie, à créer de bons emplois pour la classe moyenne, à améliorer l’accès à des soins de santé de qualité, à accélérer la lutte contre les changements climatiques et à rendre la vie plus abordable », a déclaré M. Trudeau, mentionnant les services de garde à 10 $ par jour qui seront en vigueur dans la province d’ici la fin de l’année.

Avec des informations de Michael MacDonald à Halifax et de Teresa Wright à Charlottetown