Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, a accusé dimanche la Fédération canadienne des contribuables (FCC) de mener une « campagne de désinformation » avec l’une de ses pétitions pressant Québec de plafonner rapidement les tarifs d’électricité.

« [Cet organisme] fait actuellement une campagne de désinformation concernant la hausse des tarifs d’électricité. Avec le projet de loi 2, nous avons limité la hausse des tarifs à 3 % pour les Québécois. Prétendre le contraire comme dans le courriel plus bas est faux », a martelé M. Fitzgibbon dans un tweet.

Il réagissait ainsi à une pétition circulant en ligne de la FCC, dans laquelle on indique que « certains groupes font pression afin que le gouvernement Legault conserve les tarifs d’Hydro à un niveau élevé afin de limiter votre consommation énergétique ». « Vous ne pouvez pas vous permettre une hausse démesurée de votre facture. […] Le ministre Pierre Fitzgibbon doit comprendre que vous refusez que vos tarifs d’électricité augmentent de 6,4 % », peut-on aussi y lire.

Piqué au vif, le directeur québécois de la FCC, Nicolas Gagnon, a répondu presque immédiatement au ministre sur les réseaux sociaux. « Campagne de désinformation, c’est un peu fort. On ne fait que s’assurer que le gouvernement ira de l’avant avec son projet de loi. Car oui, il y a des groupes qui s’opposent au plafonnement des tarifs. Et les PME verront leurs tarifs augmenter de 6,4 % », a-t-il maintenu.

Chez Québec solidaire, le porte-parole en matière d’économie, Haroun Bouazzi, a profité de l’échange pour réitérer que M. Fitzgibbon a pourtant « décidé d’augmenter les tarifs d’Hydro des Québécois alors qu’ils sont déjà supérieurs au coût de production ».

« Vous en faites une taxe cachée et particulièrement injuste puisque les ménages les moins nantis payent davantage proportionnellement à leurs revenus », a accusé le solidaire, élu dans Maurice-Richard aux dernières élections générales.

3 % … pour le résidentiel

Il convient de rappeler les faits dans ce dossier. S’il est adopté, le projet de loi 2 limiterait à 3 % la hausse des tarifs d’Hydro-Québec pour les clients résidentiels. Plusieurs autres associations patronales, dont la Fédération des chambres de commerce du Québec et la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, ont demandé que cette mesure soit étendue aux entreprises. Autrement, ces dernières subiront une augmentation de 4,2 % à 6,4 % de leur facture d’électricité.

Le texte législatif vise aussi à ne plus obliger Hydro-Québec à accepter toutes les demandes d’alimentation soumises par les entreprises et inférieures à 50 mégawatts (MW). On lui permettra désormais de refuser des demandes d’alimentation de 5 MW ou plus. La société d’État réclamait une telle mesure, car elle est submergée de projets d’entreprises demandant au total 23 000 MW d’électricité. C’est l’équivalent de 13 complexes hydroélectriques comme La Romaine.

Samedi, La Presse rapportait que les libéraux de Marc Tanguay demandent maintenant à François Legault de retirer au « superministre » Fitzgibbon les nouvelles responsabilités qu’il a obtenues après les élections.

Le principal intéressé a connu une semaine difficile, après avoir admis qu’il n’avait pas lu la Loi sur Hydro-Québec, même s’il s’active à trouver un remplaçant à la présidente-directrice générale d’Hydro-Québec, Sophie Brochu. Des PME ont aussi fait une sortie virulente, accusant le gouvernement d’accentuer leurs problèmes face à l’inflation.

Alors que Québec se prépare à nommer un remplaçant à Sophie Brochu, qui quittera la société d’État le 11 avril prochain, les libéraux demandent au gouvernement de choisir une personne qui ne sera pas un « yes man » et qui bonifiera le plan d’action d’Hydro-Québec.

« Il faut une personne qui a une solide feuille de route comme gestionnaire, qui a le souci de communiquer, de la transparence, et qui sera prête à répondre aux questions. Ça ne prend pas un ‟yes man” à la tête d’Hydro-Québec, c’est important », a dit Marc Tanguay en ce sens.

Lisez « Les libéraux ne veulent plus de Fitzgibbon à l’Énergie et aux PME »

Avec Tommy Chouinard, La Presse