(Ottawa) Le gouvernement Trudeau n’a pas encore confirmé qu’il enverrait une délégation diplomatique au Qatar pour encourager l’équipe de soccer masculine canadienne, mais tout semble indiquer qu’on y sera. À quelques jours de l’ouverture de cet évènement sportif majeur, le Bloc québécois lance un appel au boycottage auquel le NPD ajoute sa voix.

Le bloquiste Alexis Brunelle-Duceppe ne conçoit pas que Canada envoie une délégation dans le petit émirat compte tenu du fait que les droits de la personne, en particulier ceux des membres de la communauté LGTBQ+, y sont bafoués.

« C’est assez évident, selon moi », lance-t-il en entrevue.

« On parle d’un pays où une personne homosexuelle est passible de sept ans de prison parce qu’elle est homosexuelle, où des travailleurs étrangers sont morts par milliers en construisant des stades dans des conditions exécrables », expose-t-il.

Le député exhorte donc le gouvernement à opter pour la chaise vide, comme il l’avait fait pour les Jeux olympiques de Pékin en février dernier en guise de protestation contre le génocide qui est perpétré contre les Ouïghours par le régime chinois.

Mais ce faisant, le Canada emboîtait alors le pas à plusieurs pays, dont les États-Unis. Or, cette fois, il n’y a pas de tel mouvement. « C’est sûr que c’est différent ; on parlait d’un génocide, et la Chine, sur l’échiquier géopolitique, est plus importante que le Qatar », argue-t-il.

Sa collègue néo-démocrate Heather McPherson est aussi dans l’équipe boycottage.

« Le gouvernement doit clairement dénoncer les horribles violations des droits de la personne au Qatar, notamment l’exploitation révoltante des travailleurs migrants dans le cadre de la construction de la Coupe du monde, et appuyer ces propos par un boycottage diplomatique », a-t-elle déclaré par voie de communiqué.

Les plans tardent à être annoncés

Alors que le premier coup de sifflet approche, le bureau de la ministre des Sports, Pascale St-Onge, continue de dire que le décision sur la présence de cette dernière n’est pas encore arrêtée. « Les plans seront dévoilés en temps et lieu », a-t-on maintenu, mercredi.

À en croire des propos tenus par la ministre à la fin septembre, les jeux semblent toutefois déjà faits. « Normalement, comme l’équipe est qualifiée, et qu’en plus, on est le pays hôte pour la prochaine Coupe du monde avec les États-Unis et le Mexique, on va assurément avoir une présence », avait-elle exposé.

Barrer la route à certains pays

Alexis Brunelle-Duceppe regrette que les footballeurs canadiens, qui se sont taillé une place à la Coupe du Monde pour la première fois depuis 1986, soient « pognés à parler de droits de l’homme dans un pays dont ils n’avaient peut-être jamais entendu parler ».

À plus long terme, il faut éviter que des pays qui briment les droits de l’homme soient ceux qui organisent des évènements sportifs d’envergure, plaide-t-il, en proposant que le mouvement prenne racine dans les fédérations nationales.

« Lorsqu’elles décident de confier l’organisation à un pays, il faut absolument que le premier critère soit celui des droits de l’homme. Tu mets en place un comité, et tu te fies à la Déclaration de l’ONU », suggère le député.

La Coupe du Monde du Qatar se tient du 20 novembre au 18 décembre.