(Québec) Le nouveau chef par intérim du Parti libéral du Québec (PLQ), Marc Tanguay, échoue à son premier test de leadership : réintégrer Marie-Claude Nichols au sein de son caucus. Malgré des excuses, cette dernière a affirmé mardi qu’elle ne reviendra pas tant que M. Tanguay sera à la tête du parti, et attendra de voir qui remportera la prochaine course à la direction.

« Non, je ne retournerai pas aujourd’hui au caucus présessionnel. Je vais aller dire quoi ? J’ai l’impression de vivre pour une deuxième fois une expulsion. Et sincèrement, je vais être franche avec vous, j’ai l’impression qu’on ne me veut pas dans mon propre caucus », a dit la députée de Vaudreuil au matin, en entrevue au 98,5FM. Elle a critiqué le travail de M. Tanguay, nouvellement élu chef par intérim du PLQ, alors qu’il entame le premier jour du caucus présessionnel du PLQ au Salon rouge, à Québec.

Marc Tanguay a répliqué quelques heures plus tard en point de presse à l’Assemblée nationale. Il affirme que la porte est toujours ouverte et qu’il a offert ses excuses à Mme Nichols pour le sort qui lui a été réservé. Elle a été expulsée du caucus par l’ex-cheffe du PLQ Dominique Anglade à la suite d’une dispute pour savoir qui allait obtenir le poste de troisième vice-président de l’Assemblée nationale, une fonction honorifique où l’élu « n’exerce aucune fonction administrative ».

« Au nom du Parti libéral du Québec, et au nom du caucus des députés, j’ai eu l’occasion de dire à Marie-Claude que je regrettais la façon dont ça s’est passé, que je lui offre mes excuses sur une base personnelle et à titre de chef […]. Les excuses sont prononcées. Nous nous excusons. J’aimerais les faire à côté d’elle, mais quand même, vous m’aurez donné l’occasion de les exprimer », a dit M. Tanguay. Le président du caucus, Enrico Ciccone, a également offert ses excuses. Il avait laissé entendre que la députée Nichols n’était pas une joueuse d’équipe.

Remous

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Marc Tanguay

Il affirme de son côté que la discussion qu’il a eue dimanche avec la députée indépendante pour la convaincre de revenir au PLQ n’a eu qu’un sujet : le poste de troisième vice-président. « Jamais la troisième vice-présidence de l’Assemblée nationale n’aura, dans notre histoire, créé autant de remous », a affirmé M. Tanguay d’entrée de jeu. Ce titre, qui vient avec peu de responsabilités, permet toutefois de toucher une prime de 35 546 $ par année.

Le mois dernier, Mme Nichols avait exprimé son souhait d’occuper ce poste. L’ancienne cheffe du parti Dominique Anglade avait plutôt choisi d’appuyer la candidature de Frantz Benjamin. Après avoir refusé les responsabilités parlementaires que Mme Anglade voulait lui confier, Mme Nichols avait été expulsée du caucus.

Lors de la rencontre de dimanche, M. Tanguay a soumis une hypothèse : permettre à Mme Nichols d’occuper la fonction en alternance avec M. Benjamin. Elle ferait deux années, puis cèderait le pas au député de Viau. Mais ce plan n’a pas passé au sein du caucus. En entrevue avec La Presse Canadienne, M. Benjamin a affirmé lundi que sans la troisième vice-présidence, il amorcerait une réflexion sur son avenir politique. Tard lundi soir, M. Tanguay a retiré sa proposition.

Mme Nichols affirme pour sa part avoir appris de cette façon, dans les médias, que le compromis offert par M. Tanguay pour qu’elle réintègre l’équipe libérale ne tenait plus.

« Je ne peux pas retourner au parti »

En entrevue chez Paul Arcand, mardi, Marie-Claude Nichols a affirmé que son refus de revenir au Parti libéral – même si elle se dit toujours une fière libérale dans ses valeurs – n’est pas attribuable au fait qu’elle n’obtienne plus un poste de vice-présidente de l’Assemblée nationale. L’élue de Vaudreuil explique désormais son choix de rester députée indépendante par le fait qu’on lui a offert un compromis et qu’on lui a retiré l’offre sur la place publique, sans la prévenir.

« Je ne peux pas retourner au parti. On a négocié une entente, [puis] on me dit que l’entente est torpillée. J’apprends dans les médias que l’entente ne fonctionne plus », a-t-elle déploré. « Je reste libérale et je vais attendre le prochain chef. S’il le veut, je serai peinturée dans le coin en rouge, mais moi, c’est terminé. Je vais attendre le prochain chef », a-t-elle conclu.

M. Tanguay, lui, réitère que la porte est toujours ouverte. Mais certains députés ne semblent pas avoir apprécié la sortie matinale de Mme Nichols. La whip du PLQ, Filomena Rotiroti, a roulé les yeux et laissé tomber un « franchement » bien senti lorsqu’une journaliste a cité l’entrevue au 98,5FM. Mme Rotiroti a ensuite affirmé que son expression faciale était plutôt liée à une conjonctivite.

Mais qu’est-ce que les électeurs qui ont voté pour le Parti libéral doivent comprendre de ce feuilleton ? Est-ce que les élus de l’opposition officielle souhaitent davantage se battre pour un poste au salaire plus important que surveiller le gouvernement ? « Je ne serais pas réducteur à ce point-là. Les fonctions que l’on occupe, ce n’est pas rien », a rétorqué M. Tanguay. Il souhaite maintenant que la crise soit derrière lui. « Marie-Claude, vous le savez, la porte est ouverte. Là, il est grand temps qu’on se mette à travailler », a-t-il dit.