(Bali) Le gouvernement fédéral ne dira pas s’il a demandé au président chinois Xi Jinping de rencontrer le premier ministre Justin Trudeau, qui fait pression sur les dirigeants du G20 pour isoler davantage la Russie.

« La guerre brutale de la Russie en Ukraine crée des crises alimentaires et énergétiques. Elle perturbe les chaînes d’approvisionnement et augmente le coût de la vie », a déclaré M. Trudeau aux chefs d’entreprise lors d’un discours lundi à Bali, en Indonésie.

« Les familles craignent de ne pas pouvoir mettre de la nourriture sur la table ou de ne pas pouvoir chauffer leur maison pendant l’hiver. »

Le premier ministre était en Indonésie pour rencontrer les dirigeants des 20 plus grandes économies du monde. Cela inclut M. Xi, qui effectue son premier voyage hors de Chine depuis le début de la pandémie de COVID-19.

Le dirigeant chinois a rencontré lundi le président américain Joe Biden et a annoncé son intention de rencontrer le président français Emmanuel Macron.

Entre le sommet du G20 et la réunion des dirigeants de la Coopération économique Asie-Pacifique en Thaïlande, M. Xi rencontrera également les dirigeants du Sénégal et de l’Argentine « entre autres, sur demande », a indiqué le ministère chinois des Affaires étrangères.

M. Trudeau sera aux deux sommets, mais lorsqu’on les a interrogés dimanche et lundi, lui et sa ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, n’ont pas dit s’ils recherchaient une rencontre avec le président chinois.

Mme Joly a plutôt affirmé qu’elle aurait l’occasion de s’entretenir avec le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, comme elle l’a fait en juillet.

« Il est important que le Canada continue d’avoir ces canaux ouverts avec la Chine, mais en même temps, notre position est claire », a-t-elle déclaré lundi.

La semaine dernière, la ministre a soutenu que la Chine constituait une menace pour la stabilité mondiale en sapant les droits de l’homme et les règles commerciales. « Nous coopérerons avec la Chine quand nous le devrons », a-t-elle déclaré.

L’ambassade de Chine à Ottawa a répondu que le discours nuit aux intérêts du Canada en « créant la division et en fomentant la confrontation dans la région ».

La position du Canada sur la Russie est également en contradiction avec certains autres États du G20, qui veulent maintenir des liens malgré l’invasion de l’Ukraine. Ces derniers mois, la Chine, l’Inde et l’Afrique du Sud se sont abstenues de participer aux résolutions des Nations unies condamnant la Russie.

« Mon objectif sera de faire en sorte que le monde se rassemble pour renforcer le fait que (le président russe Vladimir) Poutine a fait un choix terrible, terrible lorsqu’il a décidé d’envahir un pays voisin pacifique », a dit M. Trudeau dimanche.

En tant qu’hôte du sommet, l’Indonésie a demandé aux dirigeants de se concentrer sur le renforcement des systèmes de santé et de la sécurité alimentaire et énergétique. Elle a souligné l’importance de se concentrer sur le consensus plutôt que sur la division.

L’Indonésie aurait demandé aux pays du G20 qui se sont prononcés contre M. Poutine d’atténuer leur discours afin de forger un consensus sur d’autres questions.

« L’Indonésie est entre le marteau et l’enclume », a affirmé Mme Joly.

« Le travail du Canada consiste à toujours s’assurer que nous pouvons faire participer les pays ; que nous pouvons trouver des moyens de résoudre même les problèmes difficiles. C’est pourquoi nous avons eu de nombreuses conversations avec l’Indonésie. »

500 millions à l’Ukraine

Lundi, Mme Joly a annoncé que le Canada fournira 500 millions supplémentaires en aide militaire à l’Ukraine, en plus d’imposer de nouvelles sanctions contre des responsables russes.

Le bureau du premier ministre a expliqué que cette nouvelle somme sera utilisée pour permettre à l’Ukraine de se doter d’équipement militaire, de carburant et de matériel médical nécessaires à sa défense contre les forces russes.

Le demi-milliard de dollars double le montant annoncé par Ottawa dans son budget du printemps dernier.

« Notre objectif est de nous assurer que les troupes ukrainiennes sur le terrain aient bientôt accès à un soutien militaire supplémentaire, et nous aurons plus de détails à fournir dans les jours et les semaines à venir », a évoqué Mme Joly.

La ministre a également annoncé de nouvelles sanctions contre 23 Russes.

Ces personnes – des policiers, des procureurs, des juges et des responsables de l’administration pénitentiaire – sont notamment responsables des représailles contre Vladimir Kara-Murza, « un courageux dissident russe », selon Mme Joly.

« Il est très important que nous continuions à isoler politiquement, diplomatiquement et économiquement la Russie, et en même temps, que la question de l’Ukraine soit au cœur des discussions que nous avons ici au G20 », a affirmé la ministre Joly lors d’une mêlée de presse lundi en Indonésie.

Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le Canada a imposé des sanctions à plus de 1400 individus et entités liées d’une quelconque façon à la guerre menée par le président Poutine.

Renforcer les liens avec l’Indonésie

Le sommet du G20 survient alors que les chefs de file de l’industrie canadienne cherchent à approfondir leurs liens avec l’Indonésie, le quatrième pays le plus peuplé au monde dont l’économie est en plein essor.

Le Canada et l’Indonésie ont mené deux rondes de négociations pour un accord commercial visant à accroître les 3,5 milliards de dollars de commerce bilatéral annuel.

Au cours des dernières années, les échanges ont été à peu près partagés également, le Canada vendant principalement des céréales, des engrais, de la pâte de bois et des oléagineux, et achetant du caoutchouc, du matériel électrique et des vêtements indonésiens.

L’avion du premier ministre a quitté le Cambodge avec une heure et demie de retard lundi, ce qui, selon son bureau, était dû à des problèmes de clarification de la trajectoire du vol. Ce retard a reporté une rencontre prévue avec le président indonésien Joko Widodo.

M. Trudeau a rencontré lundi le premier ministre britannique Rishi Sunak et devrait également discuter avec la nouvelle première ministre italienne Giorgia Meloni.

Les 20 plus grandes économies du monde se réunissent chaque année pour tenter d’atténuer collectivement les risques pour le système économique mondial et de trouver des progrès sur des questions allant du changement climatique à la sûreté nucléaire.

Le sommet s’ouvrira officiellement mardi, alors que la journée de lundi était consacrée à l’arrivée des dirigeants et à des rencontres privées entre eux.