(Ottawa) Après une année marquée par des résultats électoraux décourageants, des conflits internes fortement publicisés et des problèmes de financement, le Parti vert du Canada est prêt à élire un nouveau chef – ou de nouveaux chefs.

Les membres de la formation ont commencé à voter samedi. Le résultat final devrait être annoncé le 19 novembre.

Les candidats ont tôt fait de reconnaître les problèmes du parti. Chacun a des solutions à proposer pour les régler.

S’il y a six noms sur le bulletin de vote, quatre d’entre eux souhaitent établir un modèle de codirection, s’engageant à donner des responsabilités à un de leurs « adversaires ».

Une personnalité très connue figure parmi ses candidats : l’ancienne cheffe du Parti vert de 2006 à 2019, Elizabeth May. Elle tente de revenir à la tête du parti avec son allié Jonathan Pedneault, un expert des droits de la personne de Montréal.

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Elizabeth May

Au cours d’un débat en ligne qui n’a attiré que moins de 500 des quelque 22 000 membres du parti, Mme May a souligné son expérience et a rappelé qu’elle avait laissé un parti en bonne santé lorsqu’elle a démissionné.

« Quand je suis partie, nous venions de remporter notre plus grand succès électoral, nous avions trois députés. Nous avions un compte bancaire bien fourni. J’étais alors certaine que nous avions un bon plan d’avenir. »

En plus de faire élire trois députés aux élections de 2019, les verts avaient obtenu 6,5 % des suffrages exprimés. Mais ces 1,2 million de votes, trop répartis dans l’ensemble du parti, ne lui ont pas permis d’obtenir le statut de parti officiel à la Chambre des communes.

Mais deux ans plus tard, sous la gouverne d’Annamie Paul, la première Noire à devenir chef d’un parti fédéral en 2020, les appuis ont dégringolé à 2,3 %, son plus piètre résultat en 20 ans. Même le Parti populaire de Maxime Bernier avait reçu deux fois plus de votes.

Mme Paul a démissionné peu de temps après les élections. Elle a accusé certains membres d’être racistes et misogynes.

Mme May a réclamé une enquête interne sur ces allégations. Elle estime que des erreurs ont été commises de tous les côtés. Mais au cours du débat, elle a dit que Mme Paul n’avait pas les capacités d’être la cheffe que le parti nécessitait. La formation a besoin de quelqu’un « qui écoutera les autres », a-t-elle souligné.

La députée de Saanich—Gulf Islands est davantage satisfaite de la capacité des candidats de la présente course à la direction. « Contrairement à la course de 2020, un de ces candidats est fantastique et je forme un tandem avec lui. Nous avons un sentiment de solidarité qui fait que nous voulons tous être élus au Parlement. »

Les verts font également face à une plus grande concurrence des autres partis politiques sur le plan environnemental.

Attirer l’attention de l’électorat sera un défi difficile à relever. Pour l’autre duo de la course – Anna Keenan and Chad Walcott – le parti a besoin de nouveaux visages pour cette période cruciale. « L’objectif ultime est d’accroître le pourcentage au suffrage populaire et de faire élire davantage de députés verts aux prochaines élections, a déclaré Mme Keenan dans une entrevue récente. Les deux dernières années ont été difficiles. Cette course à la direction doit être un tournant pour le parti. »

Simon Gnocchini-Messier, qui se présente seul, souhaite que le parti forme une coalition sociale-démocrate. Au cours du débat, il a lancé que les verts étaient tous sur la même longueur d’onde sur la nécessité d’aller de l’avant et de concentrer sur les changements climatiques.

La sixième candidate, Sarah Gabrielle Baron, une militante de longue date, soutient que la controverse ne s’est pas éloignée du parti pendant la course à la direction.

« Les problèmes les plus graves n’ont pas été assez soulevés, a-t-elle affirmé en entrevue. Notre organisation demeure faible parce que nous ne respectons pas notre propre charte. C’est un superbe document sur lequel mon programme se fonde. »

En septembre, la présidente du parti, Lorraine Rekmans, a démissionné à son tour, citant des problèmes internes. Dans une lettre transmise aux membres, elle a écrit qu’il n’existait pas de vision pour un avenir meilleur au sein du parti.

Le parti a traversé de nouvelles tempêtes : il a dû envisager de fermer de son siège social à cause de ses difficultés financières. Le Conseil fédéral a même songé à mettre la course à la direction sur la glace et plusieurs membres du comité électoral ont démissionné.