(Québec) Critiquée de toutes parts, la cheffe libérale Dominique Anglade tente de réintégrer la députée Marie-Claude Nichols au sein de son caucus. « C’est allé trop loin », a-t-elle reconnu en entrevue lundi.

Dominique Anglade rencontrait Mme Nichols quelques heures plus tôt, quatre jours après l’avoir expulsée pour son refus d’accepter les responsabilités qu’elle voulait lui confier au sein de son cabinet fantôme.

L’entretien faisait suite à une réunion du comité exécutif du parti vendredi soir et à une rencontre du caucus dimanche.

La décision d’expulser Mme Nichols, « je l’assume, et je pense que c’est allé trop loin », a affirmé Dominique Anglade. Elle a néanmoins précisé que « de part et d’autre, c’était trop campé et trop précipité […]. Quand je dis que ça a été trop loin, ça m’inclut, mais ça inclut toute la situation. »

Maintenant, je veux qu’on ait une main tendue vers Marie-Claude, et c’est pour ça que je me suis rendue vers Marie-Claude. Le caucus veut qu’elle contribue et je veux qu’elle contribue au sein de notre formation politique.

Dominique Anglade

La cheffe n’a pas voulu donner de détails sur la « voie de passage » qu’elle a tenté de trouver avec la députée qui siège maintenant comme indépendante.

Chose certaine, il n’est pas question d’exaucer son souhait de devenir troisième vice-présidente de l’Assemblée nationale. Dominique Anglade maintient son choix d’appuyer la candidature de Frantz Benjamin, député de Viau depuis 2018. « Ça, c’est clair et c’est en arrière de nous. »

Elle est restée évasive quant à l’issue de cette rencontre. « Je ne veux pas commenter la discussion que j’ai eue avec elle », a-t-elle répondu, se contenant d’ajouter que sa « porte demeure ouverte ». La députée ne lui a donc pas donné de réponse selon ses dires.

« Notre main est tendue »

Élue dans Vaudreuil depuis 2014, Mme Nichols convoitait le poste de troisième vice-président de l’Assemblée nationale. Dominique Anglade a plutôt offert à Mme Nichols d’être porte-parole en matière de transports, confiant à une recrue, Virginie Dufour, les responsabilités que la députée de Vaudreuil occupait dans le dernier mandat (les affaires municipales et l’habitation).

La députée a refusé ces responsabilités. Elle a ainsi été exclue du cabinet parallèle de la cheffe jeudi pour être expulsée du caucus quelques heures plus tard.

Dominique Anglade n’a pas expliqué sa décision alors, s’emmurant dans le silence jusqu’à lundi. C’était selon elle « par respect pour Marie-Claude, mais aussi pour qu’on puisse se donner une chance de plus de trouver une solution qui conviendrait à tous ».

« On veut que chaque personne contribue et prenne une part de responsabilité dans les dossiers. C’est ce que souhaite voir le caucus. On veut qu’elle revienne et fasse partie du caucus, qu’elle puisse jouer pleinement son rôle. C’est une parlementaire expérimentée, elle est capable d’avoir plusieurs dossiers. C’est à elle de voir ce qu’elle veut considérer. Mais à la fin, notre main est tendue », a affirmé Mme Anglade.

Même si des voix s’élèvent pour contester son leadership, Dominique Anglade a l’intention de rester à la barre du parti et d’être en poste à l’ouverture de la session parlementaire le 29 novembre. Elle est prête à subir un vote de confiance au congrès du parti qui doit avoir lieu d’ici un an. Elle souhaite que cet exercice se tienne dans les meilleurs délais (« plus tôt que tard »).

Dans un geste précipité, la cheffe libérale a convoqué les présidents d'association du parti et les membres des conseils exécutif et de direction à une rencontre à 20 h, lundi soir. Au terme des échanges qui ont duré un peu plus d'une heure et demie, deux participants ont témoigné à La Presse que l'exercice fut difficile pour Dominique Anglade. Les récriminations contre la cheffe étaient nombreuses et directes, sans détour, a-t-on résumé sans vouloir entrer dans les détails.

Marie-Claude Nichols n’a pas commenté la rencontre avec Dominique Anglade jusqu’ici. Dans un bref communiqué de presse publié vendredi, elle disait avoir l’intention de « siéger comme indépendante » et de ne « [s’]affilier à aucun autre parti politique ». « Mes valeurs, elles, ne changent pas, elles demeurent libérales », affirmait-elle. Elle remerciait « les nombreuses personnes de tous les horizons qui [lui] ont témoigné leur appui au cours des dernières heures ».