(Ottawa ) Le Bloc québécois invite formellement les députés de la Chambre des communes à exprimer leur désir de rompre les liens entre le Canada et la monarchie britannique.

La formation souverainiste profite de la journée de l’opposition qui lui revient pour déposer une motion en ce sens, qui sera débattue mardi et mise aux voix mercredi.

Si les libéraux de Justin Trudeau comptent s’opposer à cette motion, à l’instar des conservateurs de Pierre Poilievre, au moins une députée du NPD, Niki Ashton, compte appuyer la motion bloquiste.

« Je crois que le temps est venu pour nous de passer à la prochaine étape pour réaffirmer et renforcer notre démocratie, en coupant nos liens avec la monarchie », a déclaré la députée du Manitoba durant le débat sur la motion.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Niki Ashton

« On doit se demander dans quelle mesure nous sommes une démocratie dans la réalité. On est en 2022 et on a un roi. Nous sommes indépendants depuis 1867. Nous avons une politique étrangère qui est la nôtre depuis les années 1930. Nous avons rapatrié la Charte des droits et libertés en 1982. Et en 2022, on a un roi », a-t-elle ajouté.

Elle a fait valoir qu’il faut donner aux Canadiens le droit de choisir leur chef d’État, au lieu d’avoir la courronne britannique qui joue ce rôle.

En conférence de presse avant le début du débat sur sa motion, le chef bloquiste Yves-François Blanchet a fait valoir que le moment est venu de se prononcer sur une telle question, un mois après les funérailles de la reine Élisabeth II et l’accession au trône du roi Charles III.

« Les députés vont être confrontés à une espèce de test de sincérité », a déclaré M. Blanchet mardi matin.

Le chef bloquiste a dit juger incongru que le chef d’État canadien soit un roi étranger tout en étant un chef religieux, soit leader de l’Église anglicane. Certes, il est compliqué de modifier la Constitution canadienne pour rompre les liens monarchiques – il faudrait l’appui unanime des provinces, et l’approbation de la Chambre des communes et du Sénat –, mais cela demeure quand même un sujet important, a-t-il argué. Et il lance un défi aux députés des autres formations politiques.

« Si on votait contre la motion du Bloc, cela voudrait dire que nous sommes encore les sujets conquis de la couronne britannique, conquête qui a eu lieu au XVIIIe siècle. Ça voudrait dire qu’ils mettent en doute les valeurs égalitaires du Bloc québécois, continueraient à cautionner l’empire britannique du XVIIIsiècle, qui est à peu près l’institution la plus raciste qu’on ait connue dans le monde », a affirmé M. Blanchet.

La motion du Bloc québécois se lit comme suit : « Que, étant donné que, (i) le Canada est un état démocratique, (ii) cette Chambre croit au principe de l’égalité de tous, la Chambre exprime son désir de rompre les liens entre l’État canadien et la monarchie britannique, et demande au gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour ce faire. »

Selon le Bloc québécois, le maintien du lien avec la royauté britannique coûte cher, soit environ 67 millions annuellement pour financer les cérémonies honorifiques, les voyages de la famille royale, la rémunération de la gouverneure générale et la pension à vie pour tous les anciens gouverneurs généraux et leurs conjoints survivants.

En comparaison, le Québec injectera 67 millions au cours des prochains cinq ans dans la construction de logements sociaux, a fait valoir le Bloc québécois.

Le premier ministre Justin Trudeau a déjà fait savoir que son gouvernement n’a pas l’intention de rouvrir le débat sur l’avenir de la monarchie au pays. Il a soutenu que son gouvernement a des priorités plus importantes comme le contrôle de l’inflation et la lutte aux changements climatiques, entre autres choses.