(Ottawa) Une cadre d’Affaires mondiales Canada (AMC) a été promue en dépit du fait qu’elle avait humilié et insulté des employés du ministère – un « cas grave de mauvaise gestion », selon le commissaire à l’intégrité du secteur public.

Elle a lancé à un employé de confession juive qu’une session de formation s’apparenterait à un « camp de concentration », fait allusion au poids d’une employée en raillant que celle-ci avait « encore dû manger trop de cupcakes » en la voyant aller au gym, et appelé une employée enceinte à 7 h pour exiger qu’elle vienne au bureau même si l’employée l’avait informée qu’elle n’allait pas bien et prendrait une journée de maladie.

Malgré ces errements, qui avaient été signalés au ministère dans un document d’enquête remis en 2017 après une divulgation d’un lanceur d’alerte, Latifa Belmahdi a obtenu une promotion de son employeur en 2018, indique dans un rapport cinglant publié jeudi par le Commissaire à l’intégrité du secteur public du Canada, Joe Friday.

« Les informations obtenues au cours de notre enquête révèlent que Mme Belmahdi a maltraité des employés à plusieurs reprises, notamment en les humiliant, en haussant la voix et en faisant des commentaires déplacés », et ce comportement n’a pas cessé malgré les drapeaux rouges qui ont été levés, est-il écrit dans le rapport.

Le ministère « n’a pas pris de mesures suffisantes pour mettre fin au comportement inapproprié de Mme Belmahdi », ni « donné suite aux recommandations découlant du rapport d’enquête interne de 2017 », pas plus qu’il n’a « surveillé le comportement de Mme Belmahdi pour déterminer s’il s’était amélioré », poursuit le commissaire Friday.

En juin 2018, « AMC a promu Mme Belmahdi malgré son comportement, l’endossant ainsi », note-t-il.

Des cris, des objets lancés

L’investigation interne avait été lancée en 2016 dans la foulée de plaintes émanant de plusieurs employés.

« Cette enquête a conclu qu’un certain nombre d’incidents de comportement inapproprié s’étaient produits. Notamment, Mme Belmahdi a crié, a lancé des objets, s’est moquée du travail des employés, a souvent dit qu’elle détestait son travail et qu’elle allait se suicider, a poussé et giflé un employé, et a présenté un membre de l’équipe comme “leur collègue terroriste” », lit-on dans le rapport du commissaire Friday.

Au ministère, dont les « manquements correspondent à un cas grave de mauvaise gestion », il recommande dans le même document, entre autres, de « détermine[r] s’il convient d’imposer des sanctions disciplinaires » à la gestionnaire.

« AMC lancera un processus disciplinaire pour régler les problèmes soulevés dans le rapport et ce processus comprendra des mesures disciplinaires ou correctives appropriées », indique à ce sujet le ministère, qui a droit de réplique dans le rapport du commissaire.

Il n’a pas été possible, dans l’immédiat, de confirmer si Latifa Belmahdi était toujours en poste chez AMC. Son nom figurait toujours dans le répertoire des employés du gouvernement fédéral au moment de publier ces lignes, jeudi soir.