(Washington) L’ambassadeur du Canada aux Nations unies affirme que la tâche la plus importante de l’organisation à l’heure actuelle est de donner au monde un sentiment d’espoir.

Le problème, selon Bob Rae, est ce qu’il appelle une « incroyable cascade » de crises, qui fait que l’espoir est rare.

Dans son discours d’ouverture à l’Assemblée générale des Nations unies, le secrétaire général António Guterres a dressé une liste de priorités.

La guerre en Ukraine entre dans son huitième mois alors que les conséquences économiques et sociales du conflit continuent de se faire sentir dans le monde entier.

Les effets durables de la COVID-19 continuent de frapper plus durement les plus défavorisés dans le monde, et le changement climatique ravage la planète.

M. Rae accompagne le premier ministre Justin Trudeau aux séances d’ouverture de la 77e Assemblée générale des Nations unies, cette semaine à New York.

« Nous devons donner de l’espoir, a-t-il indiqué. Nous devons démontrer que nous pouvons agir pour faire une différence. Et c’est l’approche que les Canadiens adoptent dans le monde entier. »

La visite de deux jours de M. Trudeau à New York a commencé mardi par une rencontre bilatérale avec Chandrikapersad Santokhi, le président du Suriname, qui préside cette année le Caricom, une coalition politique et économique de 15 États membres dans les Caraïbes.

Le reste de l’agenda de M. Trudeau à l’ONU est chargé de réunions sur des sujets qui lui tiennent à cœur : le changement climatique, l’égalité des genres et le développement durable, entre autres. Il participera également à une table ronde avec l’ancienne secrétaire d’État américaine Hillary Clinton, sur les vertus de la croissance de l’emploi inclusive.

La guerre du président russe Vladimir Poutine en Ukraine imprégnera certainement toutes les discussions sur la croissance économique et la sécurité alimentaire — deux autres priorités de M. Trudeau.

« Beaucoup de travail à faire, garder tout le monde ensemble », a déclaré M. Trudeau en réponse à une question sur l’Ukraine alors qu’il arrivait mardi au siège de l’ONU.

Guterres parle aussi d’espoir

Donner de l’espoir face au désespoir : c’était d’ailleurs un thème dominant dans le discours du secrétaire général Guterres mardi. « Notre monde est en grande difficulté : les divisions se creusent, les inégalités se creusent, les défis se propagent plus loin, a-t-il déclaré aux dirigeants réunis.

Il a décrit un navire battant pavillon de l’ONU et chargé de céréales ukrainiennes traversant une zone de guerre jusqu’à la Corne de l’Afrique, où des millions de personnes meurent de faim.

M. Guterres évoquait l’Initiative céréalière de la mer Noire, un accord complexe conclu sous l’égide des Nations unies entre l’Ukraine et la Russie, négocié avec l’aide de la Turquie, qui permet enfin de faire sortir de la nourriture bloquée depuis longtemps de cette région ravagée par la guerre.

« Chaque navire transporte également l’un des produits les plus rares d’aujourd’hui : l’espoir, a déclaré M. Guterres. « Nous avons besoin d’espoir […] et plus encore. Nous avons besoin d’action. »

L’agenda de deux jours de M. Trudeau à New York comprend aussi la promotion des 17 objectifs de l’effort de développement durable de l’ONU, dont le premier ministre canadien est coprésident. Ces objectifs mondiaux comprennent l’action climatique, l’élimination de la pauvreté et de la pollution, l’égalité des genres et la promotion d’une croissance économique équitable.

M. Trudeau participera aussi au sommet Christchurch Call, avec son homologue néo-zélandaise Jacinda Adern et le président français Emmanuel Macron, afin de combattre la propagation de l’extrémisme violent sur le web. Il sera aussi sur place pour des évènements en avant-première des réunions de la conférence « COP15 » sur la biodiversité, prévue en décembre à Montréal.

Maladies infectieuses

Le premier ministre assistera mercredi à une conférence de contributeurs au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, auquel le Canada a promis 4 milliards depuis 2002. Des militants au Canada ont exhorté le premier ministre à engager 1,2 milliard supplémentaire pour cette seule année.

L’ambassadeur Rae a soutenu que le Canada est l’un des plus grands contributeurs au Fonds par habitant.

« Je sais que le premier ministre se débat avec cette question de savoir ce que nous pouvons faire de plus, a-t-il déclaré. Les pressions mondiales sur nous, sur tous les fronts, sont énormes […] alors ressentons-nous la pression ? Ouais, bien sûr. Mais devinez quoi ? Nous sommes habitués à la pression, nous savons comment y répondre, et nous y répondrons. »

Le fonds aide les pays en développement à limiter et à traiter les maladies évitables, qui sont dans de nombreuses régions les principales causes de décès — et une fois de plus en augmentation.

M. Trudeau prévoit aussi de rencontrer cette semaine des partenaires des Antilles et d’autres régions pour se concentrer sur la promotion d’une croissance durable en Haïti.

Il rencontrera également Joe Biden en personne lors d’un évènement pour les dirigeants organisé par le président américain et sa femme — leur première rencontre face à face depuis que Washington a abandonné un programme pour vendre plus de véhicules électriques fabriqués aux États-Unis.