(Ottawa) La ministre des Langues officielles s’apprête à annoncer plusieurs millions de dollars pour assurer la pérennité du programme Jeunesse Canada au travail et ainsi permettre à 2000 jeunes de vivre une expérience de travail dans une autre province et une autre langue.

« À chaque question, j’ai entendu parler de la pénurie de main-d’œuvre, et aussi de la pénurie de main-d’œuvre bilingue », relate-t-elle en entrevue au terme d’une tournée de consultations sur le prochain Plan d’action sur les langues officielles.

« Cette annonce va permettre à nos jeunes d’aller vivre des expériences, de perfectionner leur deuxième langue, et en plus, ça va aider nos employeurs qui cherchent une main-d’œuvre bilingue. »

Le poids du français continue de reculer au Québec et dans l’ensemble du pays, selon les plus récentes données du recensement publiées par Statistique Canada sur la langue maternelle et la langue parlée à la maison. La proportion de francophones au Canada est passée de 20,6 % à 19,6 % de 2016 à 2021.

Parallèlement, le bilinguisme stagne sauf au Québec, où la proportion de gens qui maîtrisent le français et l’anglais est passée de 44,5 % à 46,4 %. Les francophones ont davantage tendance à apprendre l’anglais que l’inverse.

Le bilinguisme n’est pas mort au Canada. C’est pour cette raison qu’on doit quand même travailler fort pour s’occuper de cette perte démographique qu’on a vue la semaine dernière dans les données.

Ginette Petitpas Taylor, ministre des Langues officielles

Le Plan d’action sur les langues officielles arrivera à échéance le 31 mars 2023. Il était accompagné d’une enveloppe de 500 millions sur cinq ans pour marquer le retour en force du gouvernement fédéral comme défenseur des langues officielles après les années Harper.

Difficile d’atteindre les objectifs

Malgré les 40,8 millions destinés à l’immigration francophone pour assurer la pérennité des communautés à l’extérieur du Québec, le gouvernement fédéral peine toujours à atteindre sa cible de 4,4 % établie en 2008.

« Durant toutes ces années-là, ils n’ont pas rencontré cette cible et le poids démographique des francophones continue à descendre, donc ça prend des cibles beaucoup plus ambitieuses maintenant si on veut le rétablir », affirme la présidente de la Fédération des communautés francophones et acadiennes (FCFA), Liane Roy.

Elle s’attend à ce qu’une nouvelle « cible réparatrice » soit fixée. La FCFA propose 12 % pour 2024, un objectif qui augmenterait progressivement jusqu’à atteindre 20 % en 2036.

La ministre Ginette Petitpas Taylor promet une politique d’immigration « ambitieuse avec des cibles et des indicateurs », comme le prévoit le projet de loi C-13 qui vise à moderniser la Loi sur les langues officielles. La ministre veut qu’il soit adopté avant la fin de l’année, mais elle est demeurée muette sur les amendements que le gouvernement serait prêt à y apporter.

Elle clôturera une série de consultations, lancée en mai, avec le Sommet des langues officielles à Ottawa jeudi. Les commentaires recueillis serviront à élaborer le prochain Plan d’action sur les langues officielles.