(Ottawa) Un comité de députés canadiens cherche à obtenir l’approbation budgétaire pour effectuer un voyage commercial à Taïwan cet automne, malgré le risque d’aggraver les tensions avec la Chine.

Le Comité du commerce international de la Chambre des communes œuvre actuellement à la planification du voyage qui comprendrait des escales à Taïwan et à Singapour, bien que le parlement n’ait toujours pas approuvé de budget pour un tel déplacement.

Le député néo-démocrate Brian Masse, qui siège au comité, croit que les Canadiens « doivent démontrer leur appui à d’autres démocraties ayant dû se battre pour leurs droits et libertés ».

M. Masse a confirmé que des discussions sont en cours au sujet d’une mission commerciale en Asie qui inclurait une visite à Taïwan.

« Bien que le voyage soit toujours à l’étape de la planification, le NPD est très favorable au développement de relations plus étroites avec Taïwan et de profiter de cette opportunité pour améliorer nos relations commerciales avec Taïwan », a-t-il dit.

Vice-président du comité, le conservateur Randy Hoback a rappelé que les membres d’un « groupe d’amitié » de parlementaires canadiens et taïwanais avaient l’habitude de se rendre à Taïwan environ deux fois par année jusqu’à l’arrivée de la pandémie de COVID-19.

Randy Hoback s’est lui-même déjà rendu sur l’île située à une centaine de milles de la côte sud-est de la Chine. Mais cette fois, il veut consulter Affaires mondiales Canada avant de faire le voyage.

« Il n’y a aucune intention de ma part de contrarier la Chine », a-t-il justifié.

Plus tôt ce mois-ci, la Chine a condamné un voyage à Taïwan de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi.

La Chine considère l’île de Taïwan comme son territoire et Pékin a imposé des sanctions à Mme Pelosi en représailles à sa visite et a organisé des exercices militaires autour de Taïwan pour exprimer son mécontentement.

Lors de la visite de Mme Pelosi, la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, avait exhorté la Chine à désamorcer les tensions, affirmant que les législateurs effectuent souvent des visites internationales et qu’elles ne devraient pas être utilisées pour justifier la décision de la Chine d’organiser des exercices militaires.

Une porte-parole de la ministre Joly, Emily Williams, a mentionné mercredi que « des associations parlementaires et des groupes d’amitié voyagent régulièrement et l’on respecte leur indépendance ».

« Le Canada continue de maintenir et de renforcer ses liens commerciaux et personnels avec Taïwan, a-t-elle soutenu. Tel que mentionné dans la déclaration des ministres des Affaires étrangères du G7 sur le détroit de Taïwan, le Canada est dévoué à maintenir en place les règles qui ont permis d’assurer la paix et la stabilité pour des décennies, incluant dans la région indopacifique. »

Le Bureau de l’économie et de la culture de Taipei au Canada affirme qu’il offrira son entière collaboration à une telle visite qui permettrait de « faciliter d’éventuelles discussions » sur divers enjeux comme le commerce et les investissements, l’éducation ainsi que les technologies.

« En visitant Taïwan et en rencontrant les législateurs taïwanais, les sénateurs et les députés canadiens vont avoir une meilleure compréhension du développement de Taïwan, de son rôle dans la région, des relations de part et d’autre du détroit ainsi que d’autres enjeux politiques et économiques », a commenté une porte-parole.