(Ottawa) Doug Ford dirigera de nouveau la province la plus populeuse du Canada avec une majorité sans équivoque au terme d’une campagne électorale de 28 jours, où il a joué de prudence. Face à des résultats décevants, deux des trois chefs des partis de l’opposition ont annoncé qu’ils quittaient la vie politique.

Le chef du Parti progressiste-conservateur de l’Ontario a été réélu jeudi avec une majorité renforcée. Sa victoire a été confirmée par le réseau Global à peine 11 minutes après la fermeture des bureaux de scrutin. La CBC et Radio-Canada ont suivi moins de dix minutes plus tard.

Au moment où ces lignes étaient écrites, son parti était en avance dans 83 des 124 circonscriptions, soit 16 sièges de plus qu’il y a un mois. « Ensemble, nous avons réalisé l’impossible, nous avons fait l’histoire », s’est-il exclamé quelques minutes après son arrivée sur scène. Ses partisans en liesse scandaient : « Quatre années de plus ! »

« J’ai promis de construire cette province. De dire oui à plus de logements, oui à du logement accessible pour que les familles puissent à nouveau rêver d’avoir une propriété. De dire oui à la construction d’infrastructures qui font vivre les communautés, de mettre nos travailleurs à l’œuvre pour construire des métros, des hôpitaux et les autoroutes dont notre province en croissance a désespérément besoin. »

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Les partisans de Doug Ford ont célébré la victoire des progressistes-conservateurs.

Le casque de construction était devenu le couvre-chef favori de Doug Ford durant la campagne électorale. Il a promis de bâtir une nouvelle autoroute – la 413 – pour séduire les villes de la couronne nord de Toronto. Les progressistes-conservateurs ont réussi à ravir la circonscription de Brampton Centre que les néo-démocrates avaient remportée en 2018 avec seulement 89 voix d’avance.

À la fin de son discours, le premier ministre désigné a lancé un message d’inclusion et a invité les Ontariens à mettre l’accent sur ce qui les unit pour faire avancer les choses.

Son homologue fédéral l’a rapidement félicité pour sa victoire. « J’ai hâte de poursuivre ma collaboration avec le premier ministre Ford et son gouvernement afin de protéger les gens contre la COVID-19, construire les logements dont les communautés ont besoin et réaliser notre promesse fédérale de fournir aux familles des services de garde à 10 $ par jour, tout en faisant croître la classe moyenne et l’économie », a déclaré Justin Trudeau.

En 2018, la victoire de Doug Ford avait été perçue comme une épine dans le pied de M. Trudeau, mais depuis, les relations se sont adoucies.

Changement de garde

Le Nouveau Parti démocratique d’Andrea Horwath conservera son statut d’opposition officielle, avec une avance dans 31 circonscriptions, soit sept de moins qu’au déclenchement de la campagne électorale. Mme Horwath a annoncé sa démission à la fin de son discours, en proie à une vive émotion.

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Andrea Horwath, cheffe démissionnaire du Nouveau Parti démocratique de l’Ontario

« Ça me rend triste et ça me rend heureuse parce que notre équipe est si forte maintenant », a-t-elle dit, en essuyant ses larmes.

Les libéraux étaient en tête dans huit circonscriptions, mais leur chef Steven Del Duca a mordu la poussière. Il a également annoncé qu’il quittait la direction de son parti.

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Steven Del Duca, chef démissionnaire du Parti libéral de l’Ontario

Les promesses audacieuses des libéraux comme la semaine de 4 jours et le transport en commun à 1 $ n’ont pas réussi à faire oublier l’héritage contesté du gouvernement de Kathleen Wynne. M. Del Duca demeurait peu connu des électeurs.

Le chef du Parti vert, Mike Schreiner, a été réélu dans la circonscription de Guelph, située dans le sud-ouest de la province, mais n’a pas réussi à faire d’autres percées dans la province.

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Mike Schreiner, chef du Parti vert de l’Ontario

L’Assemblée législative comptera également une candidate indépendante, Bobbi Ann Brady, qui a réussi à remporter le scrutin dans le sud-ouest de la province.

La progressiste-conservatrice Caroline Mulroney, qui a occupé le poste de ministre des Affaires francophones durant ce premier mandat, a été réélue. La députée Amanda Simard, qui avait claqué la porte du Parti progressiste-conservateur après les coupes du gouvernement Ford dans les services en français, a été défaite dans Glengarry-Prescott-Russell, dans l’Est ontarien. Elle se présentait chez les libéraux, mais a été battue par le candidat progressiste-conservateur Stéphane Sarrazin.

L’Assemblée de la francophonie de l’Ontario, qui représente 744 000 personnes, a félicité M. Ford pour sa victoire. Elle a indiqué qu’elle comptait poursuivre le travail pour contrer la pénurie de main-d’œuvre francophone et bilingue et obtenir une troisième université à Sudbury.

Des problèmes techniques ont retardé le vote dans 27 bureaux de scrutin qui ont dû rester ouverts plus longtemps. Deux d’entre eux ont continué d’accueillir les électeurs jusqu’à 23 h, soit deux heures de plus que prévu. Élections Ontario n’avait pas dévoilé le taux de participation final en soirée, mais CTV rapportait déjà une diminution de 20 points de pourcentage par rapport à 2018.