(Ottawa) Le gouvernement Trudeau étudie sérieusement la possibilité de rouvrir l’ambassade du Canada à Kyiv, qui avait officiellement mis la clé sous la porte au premier jour de l’invasion russe.

« Nous étudions activement les possibilités de rouvrir notre ambassade en Ukraine. Assurer la sécurité de notre personnel est une priorité absolue et nous devons veiller à ce que la situation sécuritaire sur le terrain le permette », a indiqué dans une déclaration la ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly.

L’ouverture de notre ambassade est à la fois un geste symbolique pour communiquer notre soutien ferme et continu à l’Ukraine, et un moyen de continuer à offrir des services aux Canadiens.

Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères du Canada, dans une déclaration

L’ambassade du Canada à Kyiv a fermé ses portes le 24 février dernier, au début de l’invasion russe. Les diplomates canadiens travaillent depuis de la Pologne, après avoir été relocalisés dans un premier temps de Kyiv à Lviv, dans l’ouest du pays, à la mi-février.

Les États-Unis s’apprêtent à rouvrir leur propre ambassade dans la capitale ukrainienne, d’où les forces russes se sont retirées, a indiqué le secrétaire d’État, Antony Blinken, avec qui Mélanie Joly s’entretiendra virtuellement mardi.

M. Blinken et le secrétaire à la Défense, Lloyd Austin, ont rencontré dimanche le président de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky. Il s’agissait d’une première visite diplomatique américaine en Ukraine depuis le début de la guerre.

PHOTO FOURNIE PAR LA PRÉSIDENCE DE L’UKRAINE, REUTERS

Lloyd Austin, secrétaire à la Défense des États-Unis, Volodymyr Zelensky, président de l’Ukraine, et Antony Blinken, secrétaire d’État américain

Il y a quelques jours, dans une entrevue accordée à la CBC, l’ancien président de l’Ukraine Petro Porochenko a invité le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, et sa vice-première ministre, Chrystia Freeland, à venir faire un tour eux aussi sur le sol ukrainien.

Chrystia [Freeland], nous vous attendons en Ukraine. C’est un moment parfait pour venir en compagnie de Justin Trudeau, un autre très bon ami de l’Ukraine, et un très bon ami à moi également.

Petro Porochenko, ancien président de l’Ukraine, lors d’une entrevue à la CBC

Au bureau de Justin Trudeau, on n’a pas voulu indiquer si ce dernier pourrait effectuer dans un avenir rapproché un déplacement en Ukraine – ce type de voyage à haut risque en matière de sécurité n’est de toute manière jamais communiqué publiquement à l’avance.

« Une bonne nouvelle »

Le député bloquiste Stéphane Bergeron voit d’un bon œil la reprise potentielle des activités diplomatiques du Canada à Kyiv. « C’est pour nous une bonne nouvelle. Dès le moment où on a commencé à retirer du personnel de l’ambassade, nous avions exprimé des réserves », a-t-il souligné.

Car « plusieurs pays alliés maintenaient leur ambassade à Kyiv, parce que c’était une façon de signifier [leur] appui, [leur] soutien inconditionnel aux Ukrainiens », et cela « donnait l’impression qu’on se précipitait pour quitter les lieux, laissant les Ukrainiens à eux-mêmes ».

La fermeture de l’ambassade a plongé les déplacés de la guerre en Ukraine dans des dédales administratifs qui ont valu de sévères critiques au gouvernement libéral. Le ministre de l’Immigration, Sean Fraser, a jeté du lest et assoupli les critères d’admission à l’autorisation de voyage d’urgence à la mi-mars.

En date du 19 avril, 163 747 demandes avaient été reçues, et 56 633 d’entre elles avaient été approuvées, selon le ministère de l’Immigration. Entre le 21 février et le 17 avril, ce sont 14 115 citoyens ukrainiens et résidents permanents canadiens qui sont entrés au pays, a indiqué l’Agence des services frontaliers du Canada.