(Québec) La déclaration du premier ministre François Legault voulant que la COVID-19 est « un rhume, à peu près » quand on est adéquatement vacciné a créé un malaise à l’Assemblée nationale.

Jeudi, les partis d’opposition lui ont reproché de banaliser le virus et d’envoyer un mauvais message à la population.

« Il l’a échappé, a réagi le chef parlementaire du Parti québécois, Joël Arseneau. Ce message-là, évidemment, il sème la confusion dans la population, et c’est regrettable.

« Le virus continue de circuler, et il continue d’affecter les gens les plus vulnérables, et ça entraîne, évidemment, des décès à chaque jour », a-t-il ajouté.

À Varennes lundi dernier, M. Legault déclarait : « Le Québec est l’un des endroits au monde où sa population est la plus vaccinée. Ça aide, je l’ai vécu la semaine passée. Même si on l’attrape, ça donne un rhume, à peu près. »

Un commentaire « complètement contre-productif », a déploré jeudi le porte-parole de Québec solidaire en santé, Vincent Marissal, selon qui les élus ne doivent pas dire « tout ce qu’il nous passe par la tête ».

« J’ai eu une pensée pour le personnel soignant, a-t-il renchéri. Ces gens-là suent sang et eau depuis deux ans, souvent dans des conditions pitoyables.

« Et là, le premier ministre, après deux ans de combat acharné contre le virus, vient nous dire essentiellement que c’est un rhume. Ce n’était pas sa meilleure. »

Le porte-parole libéral en santé, le député de Nelligan, Monsef Derraji, est du même avis. « Je ne sais pas, après deux ans de pandémie, qu’est-ce qui a poussé le premier ministre à dire que la COVID était un rhume. »

Legault précise sa pensée

Quelques heures plus tard, lors d’une annonce à saveur économique, M. Legault a répliqué à ses adversaires. Il a accusé le Parti libéral de « choisir un bout de phrase », plutôt que l’ensemble de ses propos.

Grâce à la vaccination, a-t-il répété, les symptômes de la COVID-19 s’apparentent à ceux d’un rhume pour plusieurs personnes.

« Maintenant, […] il y a des gens qui se retrouvent à l’hôpital, il y a des gens qui décèdent et c’est important de continuer à protéger, surtout les personnes vulnérables, les personnes plus âgées », a ajouté le premier ministre.

Derraji se dit victime d’intimidation

Il n’empêche que M. Derraji a déclaré avoir subi de l’intimidation de la part du ministre de la Santé, Christian Dubé, alors qu’il citait les propos de François Legault en commission parlementaire.

« Je me suis senti intimidé et j’ai senti que la partie gouvernementale limitait mon travail de poser les bonnes questions », a-t-il dénoncé.

Rappelons que M. Dubé a été sévèrement rappelé à l’ordre par le président de la commission pour avoir interrompu un échange entre M. Derraji et le directeur national de santé publique, le Dr Luc Boileau.

Jeudi, M. Dubé a nié avoir intimidé Monsef Derraji et réitéré ses critiques envers lui.

« Ces temps-ci, la population est fragile. […] Je pense que les parlementaires […] devraient faire attention aux propos qu’ils tiennent. Et ce qui a été fait par le député de Nelligan était excessivement déplacé », a-t-il martelé.

Pour M. Dubé, le premier ministre parlait surtout de son expérience personnelle avec la COVID-19.

« Il disait qu’il avait été trois fois vacciné, et que pour lui, dans ces circonstances personnelles, ça équivalait à un rhume, parce que justement il avait eu trois doses. »

Dubé prié de retirer le projet de loi 28

Par ailleurs, Québec solidaire a réclamé, jeudi, le retrait du projet de loi 28. Celui-ci vise à mettre fin à l’urgence sanitaire, mais prolonge dans les faits certains pouvoirs exceptionnels du gouvernement jusqu’au 31 décembre.

Après avoir entendu plusieurs témoignages d’experts juristes, entre autres, le Parti québécois est également d’avis que le projet de loi 28 ne peut pas être adopté tel quel.

« On a deux choix : soit on le met de côté, on dépose un nouveau projet de loi beaucoup plus simple, soit on prend ce qu’on a sur la table, puis on élimine le superflu », a tranché Joël Arseneau.

Il a déploré que le ministre Dubé ait invité des sous-ministres et des PDG de CISSS et de CIUSSS à témoigner en commission parlementaire « pour cautionner le geste politique d’adopter un projet de loi comme celui-là ».

« Ces gens-là ne peuvent pas critiquer le gouvernement, ils ont pieds et poings liés, ils ont le devoir absolu de loyauté envers leur employeur », a en outre souligné M. Marissal.

« Bien évident que ces gens-là vont venir chanter les louanges du ministre puis dire : “C’est un projet de loi extraordinaire dont on a besoin”. Mais ce n’est absolument pas crédible. »