(Ottawa) En moins de deux semaines, le gouvernement canadien a reçu plus de 60 000 demandes d’autorisation de voyage d’urgence en provenance d’Ukrainiens et de membres de leur famille. Mais ce programme plonge les demandeurs dans un « chaos administratif sans fin », et il doit être abandonné au profit de la création d’une passerelle aérienne, estime le Bloc québécois.

Depuis qu’il a lancé le programme d’Autorisation de voyage d’urgence Canada-Ukraine, le 17 mars dernier, le gouvernement fédéral reçoit en moyenne plus de 5000 demandes chaque jour. Au bureau du ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Sean Fraser, on indique avoir remarqué une tendance à la hausse ces derniers jours, sans pour autant se l’expliquer.

Le Canada est prêt à accueillir temporairement un nombre « illimité » de réfugiés qui fuient leur pays depuis que la Russie a envahi l’Ukraine, le 24 février dernier. Le programme fédéral de traitement accéléré offre aux Ukrainiens et aux membres de leur famille « un statut temporaire prolongé et leur permet de travailler, d’étudier et de demeurer au Canada jusqu’à ce qu’ils puissent retourner dans leur pays en toute sécurité ».

Mais il est plombé par une machine bureaucratique qui « plonge les Ukrainiens dans un chaos administratif sans fin qui les empêche de se réfugier au Québec et au Canada », a vivement dénoncé le porte-parole bloquiste en matière d’immigration, de réfugiés et de citoyenneté, Alexis Brunelle-Duceppe, réclamant la mise au rancart du programme.

Comment est-ce possible qu’après 33 jours de guerre, il n’y ait qu’un seul centre – en Pologne – où les réfugiés peuvent faire faire leurs données biométriques ? C’est rendu que des réfugiés doivent fuir jusqu’en Slovaquie ou au Portugal pour obtenir des services du Canada. […] Ils sont forcés de fuir encore, toujours plus loin, pour contourner l’incompétence du fédéral.

Alexis Brunelle-Duceppe, porte-parole bloquiste en matière d’immigration, de réfugiés et de citoyenneté

« L’autorisation de voyage d’urgence, c’est un échec. Est-ce que le gouvernement va y mettre fin et créer une passerelle aérienne ? », a-t-il déclaré lors de la période des questions en Chambre.

La secrétaire parlementaire du ministre Fraser, Marie-France Lalonde, n’a pas répondu à sa question. Elle a cependant plaidé que des lettres d’instruction biométriques étaient envoyées aux demandeurs clients « toutes les quatre heures », que le gouvernement « augmente le nombre d’employés d’unités biométriques dans les régions » et qu’Ottawa collabore avec une série de partenaires, « y compris les partenaires aériens ».

Selon les chiffres fournis par l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), 11 827 ressortissants ukrainiens, dont des résidents permanents canadiens, sont arrivés sur le sol canadien entre le 1er janvier et le 27 mars. De ce nombre, 6314 citoyens ukrainiens (incluant les résidents permanents canadiens) sont arrivés entre le 21 février et le 27 mars.

Air Canada et Air Transat intéressées

Au moins deux compagnies aériennes pourraient noliser des appareils afin de participer à l’effort.

Chez Air Canada, on signale être en pourparlers avec Ottawa à ce sujet. « Les discussions se poursuivent toujours avec le gouvernement, mais nous n’avons rien de nouveau à communiquer à ce stade-ci », a écrit la porte-parole du transporteur, Pascale Déry.

Du côté d’Air Transat, on a tendu la main au gouvernement. « Comme nous l’avons fait dans le passé [pour la Syrie, notamment], nous avons offert notre savoir-faire et notre soutien au gouvernement s’ils souhaitent organiser une opération de ce type », a écrit le porte-parole de la société, Christophe Hennebelle.