(Ottawa) Le gouvernement de Justin Trudeau a déposé jeudi un projet de loi qui empêchera le nombre de sièges du Québec à la Chambre des communes de passer de 78 à 77, mais le Bloc québécois est insatisfait puisque d’autres provinces verront tout de même une augmentation de leur députation.

Le projet de loi C-14 prévoit qu’aucune province ne pourra subir une réduction de son nombre de sièges au moyen d’une « clause grand-père », a expliqué le lieutenant du Québec des libéraux, Pablo Rodriguez, en entrevue avec La Presse Canadienne.

« À l’avenir, le Québec pourra augmenter sa population au niveau de l’immigration (ou) au niveau de la naissance et là (la province) pourra augmenter son nombre de sièges », a dit celui qui a travaillé sur ce projet de loi parrainé par le ministre des Affaires intergouvernementales, Dominic LeBlanc.

Le projet de loi C-14 n’empêche pas l’Ontario et la Colombie-Britannique de gagner un siège ainsi que l’Alberta d’en recevoir trois de plus, comme le prévoit le plan de redécoupage d’Élections Canada présenté l’automne dernier. Le nombre total de sièges devrait passer de 338 à 342.

Le Bloc québécois reproche donc aux libéraux de diminuer le poids politique du Québec, d’autant plus que ceux-ci ont voté pour rejeter tout scénario en ce sens en appuyant une motion adoptée aux Communes.

« Tu n’as pas besoin d’avoir un doctorat en mathématiques pour savoir que quand tu as 78 sièges sur 338, ton pourcentage, ton poids relatif, est plus fort que si tu passes à 78 députés sur (plus de) sièges ! », a lancé le leader en Chambre des bloquistes, Alain Therrien, en mêlée de presse.

Il en a rajouté une couche durant la période des questions. « Dans le fond là, ce n’est pas qu’ils nous calent dans le bain. Ils font juste monter l’eau bien tranquillement », a-t-il ironisé.

M. Rodriguez a rétorqué qu’au contraire les libéraux proposent une solution pour « aujourd’hui, tout de suite, garantir le poids politique du Québec ».

« Moi, comme lieutenant du Québec, dès le jour un, j’ai mis mon poing sur la table et j’ai dit “No way ! Québec ne perdra pas un siège”. On a travaillé là-dessus et on a trouvé la façon de le faire », s’est félicité le ministre en entrevue.

Un ajustement du nombre de sièges est fait par le directeur général des élections tous les 10 ans et tient compte de la démographie. Cette fois, le Québec serait la seule province à perdre un siège à moins que C-14 soit adopté.

Désaccords sur l’approche

Le Bloc québécois a déposé son propre projet de loi pour que la représentation du Québec soit maintenue à un seuil minimal de 25 %.

« La seule façon pour le Québec de protéger son poids politique, c’est d’avoir un calcul qui soit établi en pourcentage. C’est essentiel », a insisté M. Therrien.

Mais aux yeux des libéraux, une telle proposition nécessiterait de déclencher une ronde de négociations constitutionnelles puisqu’ils estiment que l’assentiment de sept provinces avec 50 % des voix est requis.

« Le Bloc québécois, tout ce qu’il veut faire, c’est ouvrir la Constitution et se lancer dans les chicanes. Ça, c’est juste bon pour l’industrie des chemises déchirées ! », a pesté M. Rodriguez en Chambre.

Il a ensuite affirmé à La Presse Canadienne se baser sur les avis d’employés du Conseil privé ainsi que d’experts sur la loi électorale et la Constitution.

Questionné sur la nécessité de rouvrir la Constitution, M. Therrien a plutôt affirmé que la Chambre des communes a les coudées franches pour trancher sur un seuil de 25 % de représentation attribué au Québec.