(Montréal) Le grand chef mohawk de Kanesatake demande au gouvernement Legault d’inclure les notions de protection du territoire, des langues et de la culture des Premières Nations dans sa tentative de faire reconnaître le Québec comme nation dans la constitution canadienne et d’y enchâsser le français comme seule langue officielle.

Dans une vidéo mise en ligne lundi où il dit parler en son nom personnel, Serge Otsi Simon dit comprendre les aspirations des Québécois, mais avertit que de laisser les Autochtones en plan dans cette démarche représente rien de moins que « la deuxième colonisation des peuples autochtones du Québec ».

Il demande donc au premier ministre François Legault de s’asseoir avec les Premières Nations pour discuter de cette question avant d’aller de l’avant avec la loi 96.

Le chef Simon souligne au passage que les Autochtones sont très bien placés pour comprendre la fragilité du français, eux dont la langue et la culture sont en voie de disparition dans certains cas. Il estime donc logique que Québec reconnaisse aussi la langue et la culture des Premières Nations et s’engage à les protéger également.

Il s’inquiète parallèlement du fait que Québec cherche à faire reconnaître son statut de nation et de protéger le français sur le territoire de la province, alors que ce territoire est, en grande partie, du territoire autochtone non cédé et qu’il n’y a eu aucune discussion ou négociation avec les Premières Nations.

Serge Simon fait par ailleurs valoir que cette affirmation de la nation québécoise pourrait mettre à risque la protection que le gouvernement fédéral doit assurer aux Autochtones en matière d’exploitation des ressources naturelles.

Plainte aux Nations unies ?

À défaut de discussions, le chef mohawk estime qu’il y aurait matière à s’adresser aux Nations unies pour exprimer le désaccord des Premières Nations face à cette démarche.

« Nous ne sommes pas des citoyens du Québec. Nous sommes des citoyens de notre propre nation », a-t-il affirmé.

« On ne peut, comme Premières Nations, accepter cette évolution sans qu’on ait notre mot à dire. »

À plusieurs reprises dans son allocution d’une dizaine de minutes, M. Simon répète qu’il comprend les aspirations des Québécois et appelle à répétition le premier ministre Legault à la discussion.

« Il faut passer par ce chemin-là parce que sinon, l’alternative, et je suis sûr, par mon expérience, que la confrontation éventuelle ne sera pas équitable pour personne. On veut éviter ce genre de confrontation.

« Je tends la main aux Québécois de venir avec nous pour qu’on puisse parler des possibilités, de la vision commune, parce que les Premières Nations […] Est-ce que le Canada nous a traitées équitablement dans notre histoire ? Pas toujours. Est-ce qu’on aurait peut-être un meilleur futur avec Québec ? Encore, c’est une exploration qu’il faudrait implanter et essayer de faire ça dans une atmosphère de paix, respect et équitabilité mutuelle. »

Il incite les Québécois à « ne pas regarder ce que je dis avec crainte. Le titre autochtone existe. Il y a des droits. C’est une réalité, mais on peut travailler ensemble pour le bien-être de nos futures générations. »